Michel-Ange

— par Léonor de Recondo

Ce roman met en scène l’artiste Michel-Ange. Le pape Jules II lui ayant commandé son tombeau, Michel-Ange part à Carrare, célèbre pour ses carrières de marbre blanc, afin d’y choisir les plus beaux blocs de pierre. Il y observe le travail des tailleurs de pierre.


Michelangelo était venu vérifier le travail des riquadratori, ceux qui, une fois le bloc découpé de la montagne, le taillent afin de lui donner une forme transportable, souvent cubique. Il observe leurs coups de ciseaux et comment les éclats de marbre se détachent, à chaque impulsion, de la masse. Le sculpteur imagine ainsi de quelle chair est fait le cœur de chacun des blocs. Ceux qui sont prêts à partir sont magnifiques. Dans l’un d’eux, il a déjà choisir de sculpter un Moïse qui prendra place au niveau supérieur du tombeau. Michelangelo a les doigts qui frémissent d’impatience, même s’il sait qu’il faudra attendre de longs mois avant que les marbres n’arrivent à destination, c’est-à-dire à Rome. Place Saint-Pierre.
Après l’incident avec Cavallino, la journée se passe sans heurts. A midi, ils posent les outils et mangent tous ensemble du pain, des oignons trempés dans de l’huile d’olive avec, pour les plus chanceux, un peu de lard séché. Michelangelo aime être parmi eux et, même s’il sait qu’il ne sera jamais accepté comme l’un des leurs, il sent bien que sa présence est tolérée grâce à sa connaissance profonde du marbre. Les carriers ont tout de suite compris qu’il ne s’agissait pas d’un simple savoir, mais d’une véritable dévotion. Eux-mêmes n’ont pas abandonné leurs croyances païennes qui donnent vie à la montagne, lient la pierre à la lune et les poussent à respecter tout ce qui recouvre l’or blanc : les arbres et la terre.

Pietra Viva, Léonor de Recondo, 2 013