Le néoclassicisme : le style des bâtiments officiels américains

La Bourse de New York (Wall Street)
La Maison-Blanche n’est pas le seul monument néoclassique aux États-Unis. Presque tous les bâtiments officiels américains sont construits dans le même style, comme le Capitole, le Lincoln Memorial, le département du Trésor des États-Unis… On identifie parfois ces bâtiments comme relevant du "style fédéral". De même, les sièges des banques et des grandes entreprises de New York, Philadelphie, Chicago ou Detroit sont élevés à l’image des temples de l’Antiquité ; il faut voir certains édifices de Wall Street pour s’en convaincre.

Le Capitole à Washington D. C.

Le Lincoln Mémorial à Washington D. C.

Le Jefferson Mémorial à Washington D. C.

James Hoban (1762-1831), l’architecte de la Maison-Blanche
L’influence de la Renaissance italienne et de Palladio
Toutes ces demeures partagent en commun un goût pour l’équilibre de la composition, la symétrie, l’utilisation de volumes et de formes simples (cercles, carrés…), et le recours au vocabulaire architectural et décoratif antique (colonnes, rotonde, frontons, etc.). On appelle ce style d’architecture le néoclassicisme, qui trouve sa source dans l’œuvre d’Andrea Palladio, grand architecte de la Renaissance italienne. Celui-ci a inspiré de nombreuses générations de constructeurs qui ont visité ses villas, situées dans la campagne italienne au nord de Venise, ou pris connaissance de ses traités d’architecture. Lorsqu’il arrive aux États-Unis, James Hoban – comme beaucoup de ses confrères – garde en tête les modèles architecturaux vus et étudiés en Europe. Hoban propose pour la résidence officielle un bâtiment qui prend l’allure d’un temple néoclassique dont la composition est dictée par la symétrie, la régularité et l’équilibre des proportions. Si la Maison-Blanche a depuis subi de nombreux agrandissements et travaux, le style néoclassique domine toujours l’ensemble à l’extérieur et à l’intérieur.

Vue perspective de la Maison-Blanche
La Maison-Blanche n’est pas seulement le logement du président et de sa famille ; c’est aussi un lieu de réception, de cérémonies, de travail, de rencontres et de négociations.
Le complexe de la Maison-Blanche s’articule à partir de trois bâtiments principaux : un corps principal au centre, reliée aux ailes Ouest et Est par de longues colonnades.
La Maison-Blanche compte 132 pièces, 35 salles de bains, 6 étages, 412 portes, 147 fenêtres, 28 cheminées, 8 escaliers et 3 ascenseurs. Aujourd’hui, il est possible d’y organiser des réceptions pour plus de 1000 personnes.
Le corps principal abrite la résidence du président et toutes les pièces destinées à la réception d’invités. Au sud, éclairés par les baies de la demi-rotonde, de grands salons de forme ovale occupent les trois niveaux de la Maison-Blanche. Tandis que les deux derniers étages sont en grande partie réservés au président et sa famille, les niveaux inférieurs sont davantage destinés à recevoir les hôtes. Chaque pièce porte un nom ; la plupart des salons sont appelés en fonction de leur couleur dominante (vermeil room, red room, green room, blue room…), tandis que d’autres pièces prennent le nom de présidents ayant occupé les lieux (Lincoln bedroom, utilisée aujourd’hui comme chambre d’amis) ou encore rappellent d’anciennes fonctions (map room ou salle des cartes, qui servait pendant la Seconde Guerre mondiale à l’étude des situations militaires).
L’aile Ouest (The West Wing) est connue pour abriter les bureaux du président, en particulier le fameux bureau ovale, et la situation room, salle de crise située au sous-sol. C’est l’endroit de la Maison-Blanche où se prennent les décisions importantes. D’où le titre original de la série télévisée de Aaron Sorkin sur la vie quotidienne d’un président démocrate interprété par Martin Sheen, et de son équipe, The West Wing (1999, en français, À la Maison-Blanche).
© Library of Congress
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L’Hôtel de Thélusson conçu par Claude Nicolas Ledoux
Se méfier des imitations !
Entre Périgueux et Brive-la-Gaillarde (Dordogne), le promeneur peut être surpris par le château de Rastignac et sa ressemblance avec la Maison-Blanche. Situées à des milliers de kilomètres l’une de l’autre, les deux demeures sont presque des sœurs jumelles. C’est surtout la demi-rotonde et ses six colonnes qui jettent le trouble.
Qui a copié qui ? Et comment ? Il apparaît que le château de Rastignac, construit entre 1811 et 1817, est plus récent. Mais ce n’est pas si simple que cela, et les historiens ont avancé de nombreuses hypothèses… Thomas Jefferson, président des États-Unis entre 1801 et 1809 et grand connaisseur d’architecture, aurait-il emporté avec lui des dessins de la Maison-Blanche lors de ses voyages en France ? Ces dessins auraient-ils pu inspirer les architectes français ? Au contraire, tandis que le projet du château de Rastignac est abandonné pendant la Révolution française et que son propriétaire doit fuir la France, des copies des plans auraient-elles pu être vues par Thomas Jefferson ? Ce dernier aurait-il pu les copier pour les ramener en Amérique et exercer une influence sur l’aspect extérieur de la Maison-Blanche ? Beaucoup de questions subsistent encore aujourd’hui…
Quoi qu’il en soit, les demi-rotondes de Rastignac ou de Washington trouvent sans doute leur source dans l’hôtel Théllusson, conçu par Claude-Nicolas Ledoux à Paris en 1778. Cette riche demeure – aujourd’hui détruite –, fut considérée dès sa construction comme un véritable chef-d’œuvre à tel point que de nombreux amateurs d’architecture n’hésitaient pas à faire de nombreux kilomètres pour la visiter !