Du quartier Beaubourg au centre Pompidou

Le centre Pompidou, un "meccano" géant
Le centre Pompidou, un "meccano" géant |

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Le centre Georges Pompidou s’insère dans un tissu urbain très ancien. Entre les Halles et le Marais, Beaubourg est, au début du 20e siècle, un quartier populaire et vivant mais aussi très insalubre. Il connaît plusieurs transformations successives qui aboutissent à l’actuel centre Pompidou et à la piazza.

Un îlot insalubre

À l’emplacement de l’actuel centre Pompidou et de sa piazza se trouvait un ensemble d’immeubles désigné dans les années 1920 comme l’un des îlots les plus malsains de Paris : très peu de logements bénéficient du confort le plus sommaire comme le chauffage, l’eau courante ou même tout simplement des fenêtres. Baptisé “îlot n° 1”, il sera rasé pendant l’entre-deux-guerres. Le grand espace vide qui se dégagea fut appelé par les riverains “plateau Beaubourg” et fit office de parking automobile jusqu’au début des travaux.

Un concours d’architecture international

Le chantier du centre Pompidou, côté métro Rambuteau
Le chantier du centre Pompidou, côté métro Rambuteau |

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Le chantier du centre Pompidou, côté piazza
Le chantier du centre Pompidou, côté piazza |

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Le projet du centre Pompidou fait l’objet d’une procédure jusqu’ici inédite en France : un concours international d’architecture est lancé en 1971. Le jury se compose de plusieurs personnalités issues des milieux de la culture et de l’architecture. Il est présidé par Jean Prouvé, dont l’œuvre et la pensée sont alors très respectées. Le concours rencontre un immense succès : 681 projets venant d’architectes de toutes nationalités sont examinés par le jury. Finalement, c’est le projet de trois architectes âgés d’une trentaine d’années seulement qui est choisi. L’un d’entre eux, Gianfranco Franchini, ne poursuit pas l’aventure.

Pas qu’un musée

Le Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou
Le Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou |

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Le centre Pompidou n’est pas tout à fait (ou pas seulement) un musée : c’est un centre culturel rassemblant, sous un même toit, plusieurs institutions. Jusqu’alors installé au Palais de Tokyo, le musée d’Art moderne doit bénéficier de locaux plus vastes, qu’il partagera désormais avec le Centre d’art contemporain, l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM), fondé en 1969 par le compositeur Pierre Boulez, le Centre de création industrielle (CCI) et la Bibliothèque publique d’information (BPI). Plusieurs missions complémentaires se retrouvent donc au sein du centre : la conservation/l’exposition des œuvres d’art, la recherche et la création (avec l’IRCAM et le CCI) mais aussi l’accès à la culture pour tous (avec la BPI). Au rez-de-chaussée et en sous-sol, on trouve aussi des salles de spectacle et de cinéma et des espaces polyvalents pour accueillir des festivals, des conférences et tout type de manifestation en rapport avec l’art.

Le forum

Le forum (hall d’accueil) du centre Pompidou
Le forum (hall d’accueil) du centre Pompidou |

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L’entrée du centre est traitée comme un espace ouvert dont les dimensions se rapprochent de celles d’un hall de gare ou d’aéroport. Appelé le forum, ce lieu est à la fois un point de rendez-vous et d’orientation. C’est là que l’on se renseigne sur les activités du centre et que l’on achète ses billets. Le forum peut aussi être affecté à des expositions, des installations, des performances ou d’autres événements.

La création contemporaine en plein cœur de Paris

Avec le projet de Renzo Piano et Richard Rogers, le quartier s’est complètement transformé en une petite dizaine d’années et au gré des interventions des architectes et des artistes. Ainsi, au sud du centre subsistait encore un vaste espace bordé de bâtiments hétéroclites : école, immeubles, bâtiment municipal, dents creuses, église gothique… La fontaine Stravinsky a été inaugurée en 1983, au milieu de ce paysage désordonné. Seize sculptures, noires ou colorées, en tout cas très fantaisistes, ont été conçues par Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle en hommage au compositeur russe. Mobiles et mécanisées, elles créent des jeux d’eau bruyants et joyeux autour desquels les Parisiens et les touristes aiment s’asseoir pendant les chaudes journées d’été.

L’IRCAM : des salles secrètes et enterrées

S’il fait l’objet du même programme et qu’il a été conçu par Piano et Rogers, l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM) n’a pas pris place dans les murs du centre Pompidou. Les locaux (salles de projection, studios de travail et d’enregistrement, laboratoires) de l’IRCAM sont souterrains, placés sous l’actuelle fontaine Stravinsky. Les raisons de ce choix s’expliquent par le fait que l’isolement phonique doit être total pour garantir la meilleure qualité acoustique possible. Au milieu des années 1990, une série de travaux contribue à faire ressurgir l’IRCAM au-dessus du sol : Renzo Piano est chargé de construire une petite tour à l’angle nord-ouest de la fontaine Stravinsky pour y abriter les bureaux tandis que l’école Jules-Ferry et les bains-douches sont investis par les architectes Daniel et Patrick Rubin pour y aménager des salles de conférences et une médiathèque. Le long de la façade on retrouve les fameuses bouches d’aération blanches, semblables à celles placées quelques mètres plus loin autour ou sur les terrasses du centre Pompidou.