Un mobilier sur mesure

Ipé et doussié : les bois stars du bâtiment
À l’intérieur comme à l’extérieur de la bibliothèque, le bois est largement employé, comme en écho à son jardin central.
À l’extérieur, l’esplanade de la bibliothèque, comme la passerelle piétonne qui la relie au parc de Bercy, sont recouvertes d’un sol en bois d’ipé, qui rappellent les planches de certaines stations balnéaires. Ce bois dur et imputrescible est disposé sur chant en pavés ou lattes. Exposé aux intempéries, il a pris une couleur grise qui entre en harmonie avec celle du métal.
À l’intérieur, l’essence de doussié domine pour les revêtements, cloisons et parquets, et le mobilier. "Nous voulions créer une forte unité de matière, le même bois partout, pour les chaises, les tables, les étagères, les éléments de séparation des livres, les lutrins… Tout est fait du même bois. Sol, mur, plafond, partout la même essence, le même matériau, pris dans la masse", explique l’architecte.
Dans les tours, le placage en bois d’okoumé habille les volets en aluminium. Ils sont mobiles dans les sept premiers étages de bureaux, afin de permettre aux personnels de moduler le flot de lumière naturelle. Dans la partie haute des tours qui accueille des magasins de stockage des imprimés, les volets métalliques sont fixes afin de protéger les collections de la lumière.
Le padouk, ou amboine, est employé dans le vestibule de l’auditorium.
© David Paul Carr / BnF
© David Paul Carr / BnF
Fidèle à une tradition remontant (au moins) à la fin du 19e siècle avec l’Art Nouveau, et se développant au 20e siècle avec le Bauhaus ou Le Corbusier, l’architecte, à la demande du président François Mitterrand, a maîtrisé l’ensemble de la conception, de l’architecture jusqu’au mobilier. Imaginés et dessinés en collaboration avec la designer Gaëlle Lauriot-Prévost, les meubles sont conçus spécifiquement pour la bibliothèque. Les matériaux employés (bois et métal) sont les mêmes que pour le bâtiment. L’accent est mis sur le confort, mais aussi l’impression produite sur le lecteur : ces modèles d’une taille inhabituelle répondent aux volumes des espaces architecturaux.
Chaque élément – chaise, lampe, table, étagère etc. – est dessiné ‘plus grand’ que chez soi. Le mobilier est monumentalisé. La dimension domestique est effacée. La chaise est lourde, on ne la déplace pas aisément. En revanche, on peut s’y balancer, elle possède une forme de souplesse confortable, mais son assise l’ancre au sol. […] Cette stabilité et immobilité contrastent avec le perpétuel mouvement des livres entre magasins et salles de lecture.