Le "preneur de villes"

Traité des sièges
Traité des sièges |

© Bibliothèque nationale de France

Avant de devenir un grand constructeur de fortifications, Vauban se distingue dans “l’art d’assiéger les villes” (qui porte le nom savant de poliorcétique). Les 48 sièges qu’il dirige sont tous victorieux grâce à des méthodes qu’il expose dans des ouvrages théoriques (traités ou mémoires).
Ainsi, dans son Traité de l’attaque et de la défense des places, il montre comment construire des tranchées (les "sapes"), creuser des brèches, tirer les coups de canon.
Une de ses préoccupations principales est de diminuer les pertes humaines sur les champs de bataille : l’une de ses devises est d’ailleurs : “De la sueur plutôt que du sang”.
Pour planifier un siège, Vauban compose des schémas savants qui représentent les tranchées, les lignes de front, les points d’attaques.

D’Artagnan à Maastricht

Son plus grand coup d’éclat est le siège de Maastricht en 1673 : il fait creuser deux tranchées parallèles à 600 m de la place assiégée (à la limite de la portée d’un boulet de canon) puis des tranchées en zigzag qui s’avancent vers le point à prendre. Enfermée dans la ville, la défense ne peut ni sortir, ni obtenir de secours. Elle ne peut pas non plus viser sur l’ensemble du front d’attaque car celui-ci n’est pas réparti en enfilade.

Traité des sièges
Traité des sièges |

© Bibliothèque nationale de France

Traité des sièges
Traité des sièges | © Bibliothèque nationale de France

Dans le camp des attaquants, chaque militaire est affecté à une fonction précise : certains, montés à cheval, sont chargés de veiller sur les soldats et les ingénieurs dans les tranchées. Malgré ces précautions, le siège est très sanglant et voit notamment succomber d’Artagnan. Mais Maastricht est pris par les troupes de Louis XIV en 13 jours.

Un homme des Lumières ?

Esprit curieux et grand érudit, Vauban ne se contente pas de concevoir des plans d’attaque ou des fortifications. Inquiet pour le bonheur de ses semblables et le “bien commun”, il écrit sur tous les sujets : il s’intéresse alors à la connaissance et au contrôle de la population et établit des formulaires de recensement.
Il étudie le secteur de l’agriculture, et rédige La Cochonnerie ou calcul estimatif pour connaître jusqu’où peut aller la production d’une truie pendant dix années de temps, le Moyen de rétablir nos colonies de l’Amérique & de les accroître en peu de temps ou le Traité de la culture des forêts. Nommés par Vauban lui-même Oisivetés, ces écrits théoriques révèlent une personnalité qui annonce dans une certaine mesure l’esprit des Lumières.