Les différentes citadelles de Vauban

Plan de la ville et citadelle de Saint-Martin-de-Ré
L’enceinte urbaine est un demi-cercle de 1, 5 km de rayon et de 14 km de rempart.
La citadelle, carré parfait, n’est accessible que par une seule porte d’entrée monumentale, ouvrant sur un petit port retranché. Des bâtiments intérieurs sont prévus pour 1 200 hommes.
La fortification à base de bastions est déjà très développée par les ingénieurs italiens au 16e siècle. Mais Vauban porte ce type de construction à l’une de ses apogées. Chacune de ses réalisations est différente car elle tient compte des caractéristiques du site à défendre.
À Besançon, Briançon (dans les Alpes) ou Montlouis (Pyrénées-Orientales), Vauban tire parti des collines et des montagnes environnantes comme des lignes de défense naturelle. À Saint-Martin-de-Ré, Belle-Ile-en-Mer ou Camaret-sur-Mer, l’étendue de l’océan joue en sa faveur ; il crée des observatoires permettant de voir au plus loin. Lorsqu’il a affaire à un site déjà construit et habité, il le remanie : c’est le cas de Strasbourg, de Lille et d’Arras. Si au contraire, le site est inoccupé, il crée de toutes pièces des villes comme Neuf-Brisach (Alsace), Longwy (Lorraine) ou Mont-Dauphin (Hautes-Alpes). Ces grands aménagements urbains, de la forme d’un polygone régulier, suivent tous un plan régulier en damier ceinturé de multiples lignes de front.
“Faire son pré carré”

Plan de la citadelle de Belle-Ile par Vauban
Au début du XXe siècle, la citadelle abrite une prison pour enfants. En 1934, une révolte des jeunes détenus inspirera à Jacques Prévert son poème, La Chasse à l’enfant.
Dans le nord-est de la France, l’instabilité des frontières convainc Vauban de créer une double ligne de villes fortifiées. Il écrit à Louis XIV : "Sérieusement, Monseigneur, le roi devrait un peu songer à faire son pré carré. Cette confusion de places amies et ennemies ne me plaît point. Vous êtes obligé d’en entretenir trois pour une. Vos peuples en sont tourmentés, vos dépenses de beaucoup augmentées et vos forces de beaucoup diminuées, et j’ajoute qu’il est presque impossible que vous les puissiez toutes mettre en état et les munir.” La première ligne est composée des forts et des places fortes de Dunkerque, Bergues, Furnes, La Kenoque, Ypres, Menin, Lille, Tournai, Condé, Valenciennes, Le Quesnoy, Maubeuge, Philippeville, Dinant, tandis qu’une deuxième ligne parallèle plus au sud-ouest est tracée par Gravelines, Saint-Omer, Aire, Béthune, Arras, Douai, Bouchain, Cambrai, Landrecies, Avesnes, Mariembourg, Rocroi, Charleville. La zone comprend certains secteurs inondables en cas d’attaque. Fermement défendue par la France, elle prend le nom de “Pré carré”. Cette expression attribuée à Vauban existe encore dans le langage courant aujourd’hui pour désigner un domaine réservé et jalousement gardé.

La ville de Longwy
Sitôt que la ville est devenue française par le Traité de Nimègue en 1679, Louis XIV décide la destruction de l’ancien Longwy-Haut médiéval et la construction d’une “ville neuve”, afin de constituer un maillon défensif important sur la frontière nord-est. Vauban adapte le tracé de cette place forte aux contraintes d’un terrain en pente, posé au bord d’un escarpement, dominant la vallée de la Chiers et la ville basse. La forteresse est construite selon un plan hexagonal, enveloppe de six bastions, et équipée de toutes les commodités d’une place de guerre (église, arsenal, puits, casernes). Au-delà de ces caractéristiques militaires, elle traduit également la conception qu’avait Vauban de la ville idéale, qui rappelle certaines cités de la Renaissance italienne, comme Palmanova.
© Bibliothèque nationale de France
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Neuf-Brisach : Une ville exceptionnelle construite à partir de rien
Après la perte de Brisach au-delà du Rhin en 1697, la construction d’une nouvelle place forte dans la plaine d’Alsace s’impose. Vauban est dépêché sur place afin de soumettre au roi différents projets. Louis XIV choisit le plus cher et le plus complet. La construction commence dès 1699 et nécessite le creusement d’un canal jusqu’aux Vosges afin de transporter le grès rose nécessaire.
Neuf-Brisach apparaît comme une étoile parfaite dans la plaine d’Alsace. Elle donne à voir le seul exemple du troisième système défensif de Vauban et son projet urbain le plus abouti. À partir d’un plan urbanistique octogonal, des principes simples régissent l’organisation interne : offrir des circulations pratiques pour que lieux de commandement, lieux de combat et lieux d’activité civile s’intègrent harmonieusement sans se gêner.
Autour d’une place d’armes regroupant tous les bâtiments du pouvoir, la ville est partagée en 48 îlots, dont 34 réservés aux 4 000 habitants. Les casernes sont placées contre les remparts, afin d’optimiser la protection des civils.
Aujourd’hui encore, la structure régulière de Neuf-Brisach apparaît clairement en vue aérienne.
© Bibliothèque nationale de France
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