La brique en Mésopotamie

— par Viollet-le-Duc

C’est l’argile extraite de ces canaux qui sert aux bâtisses, de telle sorte que la construction d’un vaste palais est un bienfait pour la contrée, car elle ne s’est élevée que par le creusement d’un canal.
Pendant que certains ouvriers sortent du limon des tranchées, aussitôt il est corroyé avec soin dans de grands bassins, puis, étant jugée bonne par les experts royaux, cette matière est jetée dans des moules carrés et plats, battue et comprimée dans ces cases ; on obtient ainsi des briques que l’on fait sécher au soleil.
Quelques heures suffisent pour que la dessiccation soit suffisante ; car il ne faut pas que les briques aient laissé évaporer toute leur humidité, autrement elles se briseraient en les employant. Quand elles sont à l’état convenable, les maçons les assemblent en croisant soigneusement les joints et en mouillant quelque peu le lit sous-jacent, pour bien faire adhérer le lit nouveau. Ainsi, obtient-on une construction qui n’éprouve ni tassement ni déchirures, car cette argile étant battue et les briques jointives, la masse est homogène.
Toutefois vous voyez que les parois et les plates-formes sont revêtues de grandes pierres qui forment comme un coffre contenant les briques. D’ailleurs on fait cuire partie de ces briques pour construire des aqueducs qui circulent sous la plate-forme et des têtes d’arcs ou piles qui demandent une grande résistance, et même on les couvre d’émaux. Vous voyez de ces briques émaillées autour et au-dessus des portes du sud.

Extrait de Histoire de l'habitation humaine depuis les temps préhistoriques jusqu'à nos jours, texte et dessins d'Eugène Viollet-le-Duc, 1875