L'architecte : John Augustus Roebling

John Roebling, architecte du Pont de Brooklyn
John Roebling, architecte du Pont de Brooklyn |

© E-rara.ch

Né en 1806 à Mühlhausen dans le land de Thuringe, en Allemagne, John Roebling est un pionnier de la conception et de la construction des ponts suspendus et de la fabrication des câbles métalliques. Formé à Berlin, au Gewerbeinstitut, il obtient son diplôme d’ingénieur en 1826 et part pour les États-Unis en 1831. Établi en Pennsylvanie, il participe à la conquête de l’Ouest en réalisant l’étude topographique du tracé des canaux et des routes, dont il supervise ensuite la construction. C’est l’occasion pour lui de commencer à réfléchir à la fabrication de câbles en fils de fer, dont il commence la fabrication à Saxonburg, le hameau qu’il a créé. Le succès l’incite à s’installer dans le New Jersey, à Trenton, où la production va prendre une très grande ampleur.
Le premier ouvrage d’art confié à Roebling, en 1844-1845, est un aqueduc suspendu sur lequel le canal de Pennsylvanie franchit l’Allegheny River, à Pittsburgh. Les câbles, très résistants, sont formés de nombreux fils parallèles ; ils sont posés par deux, sur place, au moyen d’une roue mobile, et sont entourés d’une couche de fil de fer destinée à maintenir leur section circulaire et les protéger des intempéries. Ils sont ancrés dans des plaques de fonte massives, noyées dans la maçonnerie des ancrages. En 1846, Roebling construit le pont de Smithfield Street à Pittsburgh, sur la Monongahela River, ouvrage constitué de huit travées de 58 m suspendues à deux câbles de 11,5 cm. Entre 1847 et 1849, il réalise quatre aqueducs suspendus sur le Delaware & Hudson Canal, en Pennsylvanie, et dans l’État de New York.

John Roebling, fabricant de câbles métalliques
John Roebling, fabricant de câbles métalliques | © E-rara.ch
Washington Augustus Roebling
Washington Augustus Roebling | © E-rara.ch

Le pont du Niagara

Vient le temps des grands projets qui feront la célébrité de Roebling. Entre 1851 et 1855, il crée le pont sur le Niagara, à proximité des gorges, seul grand pont suspendu supportant une voie ferrée, d’une seule volée de 260 m. Toute la difficulté de cette construction pionnière est d’empêcher le poids de la locomotive de provoquer une flèche locale excessive, c’est-à-dire d’exercer un poids trop important en un point précis. La structure adoptée est une poutre-treillis raidisseuse, en bois et fer, de 5,5 m de hauteur ; le tablier ferroviaire étant placé au sommet, l’espace intérieur accueille, tel un tunnel, une chaussée routière. Des haubans rayonnant depuis le sommet des pylônes contribuent à la rigidité de l’ensemble. Sur chaque rive, deux pylônes de pierre portent les quatre câbles de 26 cm, chacun constitué de 3 640 fils de fer – il en faudra plus de 5 000 pour le pont de Brooklyn. Le pont du Niagara sera remplacé en 1896-1897 par une arche d’acier.

Autre chantier novateur, le pont sur l’Ohio à Cincinnati, est commencé en 1856 et achevé en 1867, après la guerre de Sécession. La travée centrale de 322 m est alors la plus longue du monde avant le pont de Brooklyn. On lui doit également le Waco Suspension Bridge à Waco (Texas), qui a servi de prototype pour l’ingénierie du pont de Brooklyn.

C’est sur le chantier du pont à quatre travées sur l’Allegheny à Pittsburg (1857-1860) que le fils aîné de Roebling, Washington Augustus (1837-1926), travaille pour la première fois avec lui comme assistant. Washington Roebling prendra ensuite la succession de son père sur le chantier de Brooklyn après l'accident mortel de ce dernier,