La pelota

— par Bartolomé de Las Casas

Ils avaient un carré, généralement devant la porte de la maison du maître, très large, trois fois plus long que large, entouré de petites boules d'un empan ou deux de haut, dont je pense que la boule était une faute. Ils en mettaient 30 et 30 de chaque côté, à la longueur de la place ; chacun y mettait ce qu'il avait, ne voyant pas que ce qui valait l'un valait beaucoup plus que l'autre, il se risquait à le perdre, et c'est ainsi qu'il arriva, après notre arrivée à nous, Espagnols, qu'un chef mettait une étoffe écarlate et un autre une vieille étoffe de soie, et c'était comme s'il y mettait cent castellanos. L'un de ceux d'un poste lançait la balle à ceux de l'autre, et celui qui était le plus proche de la balle la renvoyait, si elle était haute, avec son épaule, ce qui la faisait revenir comme un éclair, et quand elle arrivait près du sol, il s'empressait, en plaçant sa main droite sur le sol, de la frapper avec la pointe de sa fesse, qui revenait plus qu'en passant ; ceux du poste opposé, de la même manière, la renvoyaient avec leurs fesses, jusqu'à ce que, selon les règles de ce jeu, l'un ou l'autre poste commette une faute.

Bartolomé de Las Casas, Histoire des Indes, 1520