La charpente métallique
C’est le service ingénierie de l’agence de Chicago Skidmore, Owings and Merrill (SOM) qui est responsable de la partie technique. Frank Gehry a déjà travaillé avec la firme pour le “poisson olympique”, sculpture géante devenue un des points de ralliement du port olympique de Barcelone. À Bilbao, Gehry renouvelle cette collaboration. Il envoie à l’agence une esquisse du futur musée, accompagnée de la question : “Maintenant que vous avez fait un poisson, voudriez-vous faire une fleur ? ” Pas d’autre indication, en dehors de la surface prévisionnelle ! Les ingénieurs de SOM y voient un défi à relever, d’autant plus que leurs bureaux ne sont pas équipés du logiciel CATIA et qu’il leur faudra tout reconvertir avec leur propre logiciel.
Béton ou métal ?
Tout d’abord, Frank Gehry pense qu’une structure en béton armé devrait suffire. Mais au vu des dimensions et de la complexité – sur les dessins et les maquettes de Gehry, certains niveaux s’élèvent à 45 m au-dessus du sol – l’idée d’une structure en acier s’impose rapidement.
Les contraintes budgétaires poussent les ingénieurs à proposer la solution la moins coûteuse : éviter à tout prix la pose d’échafaudages et de structures temporaires, économiser la matière. Ainsi, ils partent d’un module carré de 3 m de côté, fabriqué en série, qui peut être déformé et courbé.
Le recours à la structure en acier peut évoquer les solutions constructives des gratte-ciel qui s’élèvent à Chicago, Detroit ou New York au tout début du 20e siècle. Mais ce matériau rappelle aussi l’histoire industrielle de Bilbao, fortement marquée par la sidérurgie. Les éléments structurels sont fabriqués à Vitoria-Gasteiz, à 60 km au sud. Les ingénieurs de SOM ont relevé le défi de mener ces travaux sur moins de six ans, et même au-delà. Lorsque Frank Gehry se rendit un jour sur le chantier, il s’écria : “Si j’avais su que la structure allait être si élégante et si belle, j’en aurai laissé une partie exposée. C’est dommage de la recouvrir entièrement ! ”