La civilisation égyptienne vit au rythme des crues du Nil qui traverse le pays. À chaque crue, le fleuve dépose sur les terres une boue fertile, le limon, qui assure des récoltes abondantes. Les constructeurs égyptiens gardent en permanence en tête ce lien avec la nature, et transposent dans la pierre le monde qui les entoure.
Ainsi, le temple de Karnak compte 134 colonnes, ce qui est beaucoup plus qu’il n’en faudrait pour soutenir le toit, même s’il est fait de lourds linteaux de pierre : ce choix est destiné à donner l’illusion d’une véritable forêt de pierre, surmontée d’un plafond peint d’étoiles.
Les chapiteaux des colonnes centrales sont en forme de fleurs de papyrus ouvertes, tandis que celles des côtés sont fermées. Là encore, l’explication vient de la nature. Le centre du temple est éclairé par les claustras : les fleurs sont épanouies, alors que les bas-côtés sont laissés dans l’ombre : les fleurs y restent fermées. Les colonnes représentent la végétation qui renaît après la crue du Nil.