Du 19e au 21e siècle, l’Union entre essor, déclin et renaissance

Métier à tisser de Jacquard
Métier à tisser de Jacquard |

© Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg

À partir du 19e siècle, les communes de Roubaix et de Tourcoing sont d’importants centres industriels et devancent même Lille dans le développement économique et démographique. Le textile est le principal secteur d’activité. Des usines chimiques et métallurgiques et des brasseries complètent le paysage. Mais l’expansion du 19e siècle connaît un coup d’arrêt au 20e siècle.

La Révolution industrielle : une croissance rapide

Au 19e siècle, sous l’impulsion de la Révolution industrielle, l’urbanisation est très rapide et souvent anarchique. Les usines s’implantent et s’agrandissent au fil du développement économique. Les patrons des entreprises construisent des maisons pour leurs ouvriers, en fonction de leurs besoins. Les moyens de transport et d’acheminement des matériaux se multiplient ; le chemin de fer arrive, le réseau routier s’améliore, le canal de Roubaix est creusé.

Première ligne de chemin de fer en France
Première ligne de chemin de fer en France | © Bibliothèque nationale de France
Ouvrières et ouvriers de l’industrie textile
Ouvrières et ouvriers de l’industrie textile |

© Médiathèque de Roubaix

Le déclin des années 1970

L’usine Vanoutryve dans le quartier de l’Union
L’usine Vanoutryve dans le quartier de l’Union |

© Médiathèque de Roubaix

Mais dans les années 1970, la crise économique qui suit les chocs pétroliers a pour conséquence une série de fermetures d’usines et des plans de délocalisation. À Roubaix et Tourcoing, le chômage bat des records et le quartier de l’Union est complètement délaissé par les entreprises comme par les habitants qui, pour beaucoup, cherchent à déménager. Le quartier de l’Union montre alors un paysage désolé de friches, laissées à l’abandon.

Avec la création de la commune de Villeneuve-d’Ascq en 1970, une communauté d’agglomérations se forme. Aujourd’hui, la métropole européenne de Lille rassemble 90 communes et plus d’un million d’habitants, sur 650 km2 à la lisière de la Belgique. L’écoquartier de l’Union naît de cette communauté urbaine.

Après ces années de marasme, il est question, dans les années 2000, de redonner vie à ce territoire. La réhabilitation est préférée à la destruction pure et simple pour plusieurs raisons, parmi lesquelles la volonté de garder la mémoire de ce quartier né de l’industrie.

Vanoutryve : du textile à l’image

Un peu excentré au sud du quartier de l’Union, l’îlot Vanoutryve est l’un des premiers secteurs à connaître de profondes transformations. Ouverte en 1873, l’usine Vanoutryve était spécialisée dans le traitement du coton et la confection de tissu d’ameublement. Après avoir employé jusqu’à 7000 personnes, l’usine ferme en 2004. Installé depuis 1995 à proximité, le Studio national des arts contemporains du Fresnoy donne sans doute l’impulsion à la création d’un pôle dédié à l’image. En 2009, le projet porte ses fruits : la réhabilitation de l’usine est complétée par la construction de bâtiments neufs pour accueillir “Plaine Images” où cohabitent et collaborent des créateurs de jeux vidéo, des artistes numériques, des producteurs audiovisuels…

La Tossée : de 1200 à 172 ouvriers avant réhabilitation

La Tossée est un autre site majeur de l’Union, un autre vestige de l’industrie textile. En 1896, l’usine de peignage de laine, ouverte une vingtaine d’années plus tôt, prend le nom de la Tossée. 1200 ouvriers sont employés en 1949, contre 172 au moment de la fermeture, en 2004. 4, 8 hectares sont alors laissés à l’abandon. Contrairement à Vandoutryve dont le programme est entièrement dédié à l’image, la réappropriation de la Tossée est plus complexe. L’opération comprend des logements, des commerces, des bureaux et des ateliers, dans des édifices réhabilités ou du neuf.

Le canal de Roubaix et le parc, couture et poumon vert de l’Union

Ouvert en 1877, le canal de Roubaix relie, à l’ouest, la rivière Marque et à l’est, par le canal d’Espièrres, le fleuve Escaut. Avec au nord Tourcoing et au sud Roubaix, le canal a desservi, pendant tout le 20e siècle, les usines de l’Union. La fermeture des usines dans les années 1970-1980 et le report de plus en plus massif vers le transport routier ont eu raison de la voie navigable. En 1985, plus aucun bateau ne circule sur le canal. Il est un temps question de combler le cours d’eau pour le remplacer par un axe routier !

Vingt ans plus tard, le canal est rouvert à la navigation, encourageant le tourisme fluvial et la navigation de plaisance. À l’Union, la rive nord est aménagée progressivement en un grand parc. Certaines espèces végétales typiques des friches ont été laissées. Elles cohabitent avec de nouvelles plantations. À l’est du parc, un complexe sportif est aménagé par Kipsta, entreprise d’équipement sportif dont le siège se situe dans l’ancienne brasserie Terken.