Focus
L’art du jardin

Droiture et clarté
Au sud du jardin, après "la porte où accèdent les éminents et les vertueux", apparaît le palais principal. Sans sculpture ni peinture, il a l’aspect d’un pavillon de bois au toit de chaume. Aménagée au début du règne de Yongzheng, cette scène marque dès l’entrée du domaine la volonté des empereurs mandchous de s’inscrire dans le principe confucéen du bon gouvernement par la droiture et "l’invariable milieu".
© BnF
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"Pénétrer dans un jardin chinois, c’est entrer dans la pensée chinoise". Le terme signifiant paysage est constitué de deux caractères : shan, montagne, et shui, eau, qui constituent les éléments essentiels de la peinture de paysage shanshui. Ces mêmes éléments, unis en d’infinies combinaisons, caractérisent le jardin traditionnel chinois dont ils structurent l’espace. Ériger des montagnes artificielles et creuser un cours d’eau ou un étang constituent la base de l’aménagement du jardin.

Couleurs d’élégance dans les montagnes de l’Ouest
La scène est construite sur le modèle de Lu shan, un site de la province du Jiangxi réputé pour la beauté de son paysage. Les pavillons sont ouverts pour dégager la vue sur les lointaines montagnes de l’Ouest. À l’arrière, six magnifiques spécimens de magnolias dégagent au printemps une fragrance qui envahit l’être. Au fond, on remarque des cascades alimentées par un système hydraulique. Yongzheng aurait passé là les dernières années de sa vie.
Bibliothèque nationale de France
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L’homme et la nature
Dans une conception taoïste du monde, entre l’Eau et la Montagne s’ouvre un espace dans lequel circulent des forces mystérieuses. L’Eau et la Montagne incarnent non seulement deux pôles de la nature, mais aussi de la sensibilité humaine. "L’homme de cœur, note Confucius, s’enchante de la Montagne. L’homme d’esprit jouit de l’eau". De la tension entre ces deux pôles naît tout le mouvement de la vie.

Paix et concorde aux dix mille horizons
Le site est propice à cette sérénité, moins froid l’hiver et plus frais l’été grâce aux brises sur le lac. En bas à gauche, sur le faîte d’un kiosque à l’architecture remarquable, une girouette en bronze en forme de phénix déploient ses ailes.
Le saule pleureur
Le saule figure très souvent dans les vues du jardin de la Clarté parfaite. Il rappelle la douceur de vivre près des rives de la Chine du Sud.

Une abondante récolte à l’image des nuées
Le lotus
Le lotus symbolise la pureté car il émerge de la boue en fleurs immaculées. À la surface de l’eau, sa fleur offre l’image d’une perfection que rien ne peut souiller. Le lotus rappelle l’idéal bouddhique du détachement de la poussière du monde et l’atteinte de la pureté au-delà du désir. C’est la métaphore du junzi, l’honnête homme confucéen.

Graver la lune et ciseler les nuées
C’est là qu’un jour de 1722, le futur Yongzheng présenta à son père, Kangxi, un de ses fils âgé de 11 ans. Appréciant l’enfant, l’empereur vieillissant décida de veiller personnellement à l’éducation du jeune prince qui, devenu le puissant Qianlong, célébra cet honneur en baptisant le pavillon "Souvenir de la faveur". Lieu propice à la composition des poèmes, il incarne la piété filiale, une des vertus cardinales de la doctrine confucéenne.
La pivoine
Les fleurs jouent un rôle secondaire dans l’aménagement des jardins, bien souvent présentes sur les seuls arbres fruitiers.
Ici la pivoine, reine des fleurs comme la rose en Occident, couvre tout un champ.

Couleurs d’élégance dans les montagnes de l’Ouest
La scène est construite sur le modèle de Lu shan, un site de la province du Jiangxi réputé pour la beauté de son paysage. Les pavillons sont ouverts pour dégager la vue sur les lointaines montagnes de l’Ouest. À l’arrière, six magnifiques spécimens de magnolias dégagent au printemps une fragrance qui envahit l’être. Au fond, on remarque des cascades alimentées par un système hydraulique. Yongzheng aurait passé là les dernières années de sa vie.
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque nationale de France
Le magnolia
Dans l’album du Yuánming Yuán, le magnolia, dont la fleur en bouton symbolise la beauté d’une jeune fille, se trouve intégré dans les édifices.

Une abondante récolte à l’image des nuées
Fusion de l’humain dans la nature
Reproduction de la nature, le jardin chinois fait largement place aux constructions de l’homme car il fait partie intégrante de la nature. Ponts, kiosques, pavillons, terrasses, embarcadères sont autant de signes d’une présence humaine en harmonie avec le paysage.

Étude des Quatre Aptitudes
Du plus simple au plus raffiné
Certains bâtiments sont très modestes avec leur toit en chaume pour rappeler la simplicité de la vie rurale ; d’autres au contraire sont très ouvragés pour apprécier les joies du raffinement. Mais tous s’ouvrent largement sur l’extérieur afin de livrer chacun un aspect particulier du jardin, un paysage original. Souvent des bancs sont aménagés le long des fenêtres ou des balustrades, offrant l’occasion d’une halte, d’un moment de méditation. Les allées partent toujours en oblique avec des décrochements qui donnent l’impression d’un espace dont on ne verrait jamais la fin.

Où Lianxi éprouve de la joie
Un lieu de méditation
À travers les paysages suggérés en miniature, le jardin chinois est un lieu propice à la méditation. Il suscite l’imagination, apaise la pensée, abrite des tourments du monde et attire vers la retraite. Il est indissociable de la pensée taoïste qui prône le retour à la nature et le modèle de l’ermite. La plupart des lettrés, après avoir payé leur dû à la société, avoir été pères de famille et fonctionnaires, se retiraient du monde pour se consacrer à leur jardin.