Les colonnes inclinées

Les colonnes penchées du parc Güell (1900-1914), Barcelone
Dans ce parc d’ailleurs, son emploi de la maçonnerie traditionnelle, jugée peu conforme aux progrès de l’époque avec les énormes colonnes obliques, sera raillé par ses contemporains. Un journal, La Vanguardia, s’en moque en annonçant une fausse nouvelle : le palais remonterait à la haute Antiquité ! "Il nous semble invraisemblable qu’au siècle de l’acier on ait pu perdre ainsi de l’espace avec des colonnes en maçonnerie et d’un diamètre aussi énorme. La chose la plus probable est qu’il s’agit d’une construction du temps de Balthazar… ou de l’époque de Nabuchodonosor."

Les colonnes penchées du parc Güell (1900-1914), Barcelone
Pour Gaudí, les colonnes inclinées sont capables de recevoir à la fois les charges et les poussées verticales. Ce choix est aussi un rappel des temples grecs qui font appel à de légères déformations afin de corriger les aberrations de l’œil. Ainsi les colonnes des extrémités des façades sont penchées vers l’intérieur pour paraître droites, alors que leur centre est légèrement renflé.
Gaudí écrit : "On me demanda pourquoi je faisais des colonnes inclinées. Je répondis : ‘Pour la raison qui fait s’appuyer celui qui chemine, lorsqu’il est fatigué, sur un bâton incliné car s’il le posait verticalement, il ne se reposerait pas’." (Antonio Gaudí, paroles et écrits, sous la direction d’Isidre Puig-Boada, L’Harmattan, 2002)
Dans l’univers de Gaudí où rien n’est laissé au hasard, les colonnes inclinées ont une autre fonction : celles du parc Güell sont creuses et acheminent les eaux de pluie vers la citerne inférieure.