Les étapes d’un projet

Le projet d’une bibliothèque “d’un genre entièrement nouveau” souhaité par François Mitterrand est lancé en 1989, après un long débat sur l’étendue des collections à y transférer. "Cette grande bibliothèque devra couvrir tous les champs de la connaissance, être à la disposition de tous, utiliser les technologies les plus modernes de transmission de données, pouvoir être consultée à distance et entrer en relation avec d’autres bibliothèques européennes", annonce le président. La désignation de l’architecte de ce grand projet se fera à travers un concours international.

Le concours

Visite de François Mitterrand, Président de la République, sur le chantier de la bibliothèque nationale de France avec  Dominique Perrault, architecte
Visite de François Mitterrand, Président de la République, sur le chantier de la bibliothèque nationale de France avec Dominique Perrault, architecte |

© Guy Hersant

Un établissement public est chargé de mener à bien ce nouveau projet qui accueillera l’ensemble des collections d’imprimés et de périodiques et les collections sonores et audiovisuelles. Cet établissement fusionne avec la Bibliothèque nationale en 1994. La Bibliothèque nationale de France est créée en janvier. Les salles de lecture ouvrent en deux temps. En décembre 1996 pour la Bibliothèque d’étude du Haut-de-jardin et en octobre 1998 pour la Bibliothèque de recherche du Rez-de-jardin.

En février 1989 est lancé le concours international d’idées, auquel 249 architectes répondent. En avril 1989, 20 dossiers sont retenus parmi les propositions reçues. Les 20 candidats se voient remettre le programme du concours, avec pour mission de concevoir une réponse pour le 7 juillet.

En juillet 89, le jury, présidé par Ieoh Ming Pei, architecte de la pyramide du Louvre, sélectionne quatre projets : celui de Dominique Perrault, mais aussi ceux de Future Systems (Grande-Bretagne), Philippe Chaix et Jean-Paul Morel (France), et James Stirling (Grande-Bretagne), les projets de Jean Nouvel (France) et Rem Koolhaas (Pays-Bas) sont également mentionnés. Séduit par sa simplicité et sa lisibilité, le président de la république choisit le projet de Dominique Perrault, architecte français de 36 ans. L’annonce du lauréat est faite le 16 août. "La sphère de la Villette, le cube de la Défense, et la pyramide du Louvre allaient maintenant être rejoints, dans ce jeu simpliste de formes simples, par les quatre livres de la Bibliothèque", écrit Anthony Vidler dans La Bibliothèque nationale de France, portrait d’un projet, 1988-1998.

L’architecte, Dominique Perrault

Né en 1953, Dominique Perrault est l’auteur de réalisations architecturales marquantes parmi lesquelles : l’université féminine Ewha (Séoul – Corée) ; la cour de Justice des Communautés européennes (Luxembourg) ; la tour Fukoku (Osaka – Japon) ; l’Hôtel d’Agglomération (Perpignan) ; la Piazza Garibaldi (Naples – Italie) ; le Palais des Sports (Rouen) ; la DC Towers (Vienne – Autriche) ; le Palais des congrès (León – Espagne) ; les Thermes (San Pellegrino – Italie) ; le musée Dobrée (Nantes) ; le Grand Théâtre (Albi) ; etc.

Le prix Mies van der Rohe lui a été décerné en 1997 pour la Bibliothèque nationale de France et en 2010, il a reçu la Grande médaille d’or de l’Académie d’Architecture pour l’ensemble de son œuvre.

Des sujets de polémique

Le 12 avril 1989 sont officialisées les grandes orientations retenues dans un premier temps pour la nouvelle bibliothèque. Elle recevra les documents publiés après 1945proposera aux publics la consultation de la production audiovisuelle et s’appuiera sur les nouvelles technologies de communication. La bibliothèque devra accueillir aussi bien les chercheurs que les lecteurs issus d’un large public. Ce parti pris, d’abord très discuté par les chercheurs, prendra la forme d’une partition du socle du bâtiment en deux niveaux : le rez-de-jardin réservé aux chercheurs tandis que le haut-de-jardin accueillera le grand public.

Un autre point polémique est réglé quand il est décidé, à peine le lauréat annoncé, que ce sont 10 millions de volumes, et non 3 ou 4, qui devront être transférés à Tolbiac, annulant de fait la règle de la césure de 1945 qui imposait une séparation jugée arbitraire des collections.

Où sont stockées les collections ?

Installation des globes de Coronelli dans le hall Ouest de la BnF
Installation des globes de Coronelli dans le hall Ouest de la BnF |

© Pascal Lafay / BnF

Dans le projet initial, toutes les collections étaient stockées dans les tours. Mais, l’architecte à peine désigné, le volume de collections s’accroît avec la décision d’héberger tous les imprimés à Tolbiac. Aujourd’hui, les tours abritent environ 50 % des collections, le reste trouvant place dans le socle.

La question de la conservation des collections dans des tours de verre soulève également une vive polémique. La lumière et la chaleur risquent-elles d’endommager les collections (manuscrits, livres imprimés, estampes, photographies…) qui y seront conservées ? Une commission planche sur le sujet pendant deux mois. Les tours sont finalement réduites de deux étages, et les collections préservées dans les tours par des volets de bois, certaines étant stockées dans le socle entre les tours.

L’inauguration

Début 1995 : le bâtiment est presque prêt. Il est inauguré le 30 mars 1995 par François Mitterrand. La bibliothèque sera ouverte au grand public (haut-de-jardin) en décembre 1996. Les salles du rez-de-jardin, réservées aux chercheurs et offrant 1700 places, ouvrent le 7 octobre 1998. C’est à cette date qu’est aussi inaugurée la ligne de métro rapide numéro 14, qui va grandement faciliter les trajets des visiteurs vers la bibliothèque.

Mais un bâtiment, même inauguré, continue toujours à évoluer. Ainsi, fin 2013, une nouvelle entrée accueille les lecteurs et les visiteurs sur le côté Est. Bien visible sur l’esplanade, elle prend la forme d’un portique métallique de 16 m de hauteur, disposé entre les deux tours les plus proches de la ligne 14 du métro.