Le bassin des Lions

— Par Ibn Zamrak

Béni soit Celui qui octroya à l’imam Muhammad de si belles idées
pour décorer ses grandes maisons.
Car, n’est-ce pas vrai qu’il existe dans ce jardin des merveilles
que Dieu a fait incomparables en beauté,
et une sculpture de perles de pureté transparente,
dont les bords sont décorés avec une bordure de perle ?
L’argent fondu court entre les perles,
ressemblant en beauté à l’aube et pure.
En apparence, l’eau et le marbre semblent se confondre,
sans que nous sachions lequel des deux glisse.
Ne vois-tu pas comment l’eau s’écoule sur le bassin,
mais ses jets la cachent rapidement ?
C’est un amant dont les paupières débordent des larmes,
des larmes qu’il cache de peur d’un délateur.
N’est-ce pas, en réalité, comme un nuage blanc
qui verse sur les lions ses canaux
et semble être la main du calife, qui, le matin,
prodigue ses faveurs aux lions de la guerre ?
Celui qui contemple les lions en attitude menaçante,
[sait que] seulement le respect [dû à l’Émir] retient leur colère.
Oh, descendant des Ansares, et non par ligne indirecte,
héritage de noblesse, qui rejette les niais :
Que la paix de Dieu soit avec toi et que tu survives indemne
en renouvelant tes festins et en affligeant tes ennemies !

Poème du bassin des Lions, Ibn Zamrak (1333-1393)