Les fontainiers

Fontaine de Cérès
"Cette société de plaisirs, qui donne aux personnes de la Cour une honnête familiarité avec nous, les touche et les charme plus qu’on ne peut dire. Les peuples, d’un autre côté, se plaisent au spectacle où, au fond, on a toujours pour but de leur plaire ; et tous nos sujets, en général, sont ravis de voir que nous aimons ce qu’ils aiment, ou à quoi ils réussissent le mieux. Par là nous tenons leur esprit et leur cœur, quelquefois plus fortement peut-être, que par les récompenses et les bienfaits ; et à l’égard des étrangers, dans un État qu’ils voient d’ailleurs florissant et bien réglé, ce qui se consume en ces dépenses qui peuvent passer pour superflues, fait sur eux une impression très avantageuse de magnificence, de puissance, de richesse et de grandeur."
Louis XIV, Mémoires pour l’instruction du Dauphin
Pas de fontaine sans gravité
Artisans spécialistes des fontaines et des bassins, les fontainiers jouent un rôle essentiel dans la création de jardins à la française. Pour réaliser les jeux d’eau, ils utilisent le phénomène de gravité qui entraîne le poids des eaux vers le bas. Il faut donc disposer d’importantes ressources en eau, situées en hauteur par rapport aux jardins. Versailles, construit sur une colline dépourvue de sources et entourée de marécages, n’est pas adapté à la création de fontaines.

Vue et perspective du château de Versailles du côté des jardins

Vue du Jardin de Versailles en face du grand Canal prise au-dessus du Bassin de Latone
Des étangs artificiels
Au moment où le roi lance ses travaux hydrauliques, le seul réservoir de Versailles contient 100 m3 d’eau et les quelques fontaines sont alimentées par une pompe mécanique mue par un seul cheval.
Pour réaliser des fontaines toujours plus nombreuses, les fontainiers et les ingénieurs sont donc confrontés à deux défis :
- trouver l’eau nécessaire,
- la stocker dans des réservoirs à une altitude supérieure à celle des jardins.
L’eau est stockée dans de grands étangs artificiels. On construit un barrage sur la Bièvre et on recueille l’eau de pluie. L’eau des marais et des ruisseaux environnants est aussi collectée.
Pour élever cette eau jusqu’aux réservoirs, on a recours à différents systèmes : manèges actionnés par des chevaux, moulins à eau ou à vent…
Avec des réservoirs de 580 m3 et une douzaine de fontaines, les premières « Grandes eaux » sont inaugurées le 17 août 1666.

La machine de Marly
Pour faire face aux besoins en eau toujours plus importants, on imagine de détourner la Seine. Comment faire ? Le château de Versailles se trouve à 142 m au-dessus du niveau de la Seine et à 10 km de celle-ci. Des étangs artificiels et un aqueduc de 1 500 m sont créés sur tous les plateaux environnants pour que l’eau s’écoule par gravité jusqu’aux réservoirs. Les fontaines du parc peuvent alors fonctionner tous les jours, plusieurs heures par jour.
Mais le roi exige toujours plus de fontaines. Le puisage de l’eau de la Seine est réalisé par Arnold de Ville grâce à l’immense machine de Marly. En 1 684, le roi inaugure cette gigantesque pompe hydraulique, qui conduit l’eau de la Seine jusqu’à l’aqueduc de Louveciennes, situé 165 m plus haut.
Bien plus tard, les étangs artificiels et l’acheminement gravitaire de l’eau à Versailles sont abandonnés. On les remplace par un circuit fermé où l’eau est mise en mouvement par des pompes électriques.
© Bibliothèque nationale de France
© Bibliothèque nationale de France

La machine de Marly
Mais le roi exige toujours plus de fontaines. Le puisage de l’eau de la Seine est réalisé par Arnold de Ville grâce à l’immense machine de Marly. En 1684, le roi inaugure cette gigantesque pompe hydraulique, qui conduit l’eau de la Seine jusqu’à l’aqueduc de Louveciennes, situé 165 m plus haut.
Bien plus tard, les étangs artificiels et l’acheminement gravitaire de l’eau à Versailles sont abandonnés. On les remplace par un circuit fermé où l’eau est mise en mouvement par des pompes électriques.
La machine de Marly, gigantesque pompe hydraulique
Pour faire face aux besoins toujours plus importants, on imagine de détourner la Seine. Comment faire ? Le château de Versailles se trouve à 142 m au-dessus du niveau de la Seine et à 10 km de celle-ci. Des étangs artificiels et un aqueduc de 1500 m sont créés sur tous les plateaux environnants pour que l’eau s’écoule par gravité jusqu’aux réservoirs. Les fontaines du parc peuvent alors fonctionner tous les jours, plusieurs heures par jour.
Mais le roi exige toujours plus de fontaines. Le puisage de l’eau de la Seine est réalisé par Arnold de Ville grâce à l’immense machine de Marly. En 1684, le roi inaugure cette gigantesque pompe hydraulique, qui conduit l’eau de la Seine jusqu’à l’aqueduc de Louveciennes, situé 165 m plus haut.
Bien plus tard, les étangs artificiels et l’acheminement gravitaire de l’eau à Versailles sont abandonnés. On les remplace par un circuit fermé où l’eau est mise en mouvement par des pompes électriques.
Les premières canalisations en fonte

Travaux hydrauliques
En 1666, les frères Francine testent les premières canalisations en fonte.
Auparavant, les fontainiers utilisaient des troncs d’arbres forés et des tuyaux en cuivre, en terre cuite ou en plomb, matériaux résistant mal aux fortes pressions. De plus, les tuyaux en plomb étaient coûteux et souvent volés. L’utilisation de la fonte permet de réduire les fuites et d’économiser l’eau. Le plomb restera réservé aux parties les plus sinueuses du réseau.
Le chantier hydraulique de Versailles est aussi l’occasion de tester le niveau topographique à lunette. Lors du creusement du grand canal, la grande précision de ce nouvel instrument permet de limiter à 10 cm la dénivellation entre les deux extrémités du canal !
Le chantier des fontaines du roi permet de faire progresser les connaissances en hydraulique qui n’avaient guère évolué depuis l’Antiquité romaine. Les jardins royaux servent de terrain d’expérimentation pour les ingénieurs de l’époque. Louis XIV fait en effet appel aux membres de l’Académie royale des sciences, fondée en 1666.
En 1666, les frères Francine testent les premières canalisations en fonte.
Auparavant, les fontainiers utilisaient des troncs d’arbres forés et des tuyaux en cuivre, en terre cuite ou en plomb, matériaux résistant mal aux fortes pressions. De plus, les tuyaux en plomb étaient coûteux et souvent volés. L’utilisation de la fonte permet de réduire les fuites et d’économiser l’eau. Le plomb restera réservé aux parties les plus sinueuses du réseau.
Le chantier hydraulique de Versailles est aussi l’occasion de tester le niveau topographique à lunette. Lors du creusement du grand canal, la grande précision de ce nouvel instrument permet de limiter à 10 cm la dénivellation entre les deux extrémités du canal !

Grandes eaux de Versailles : pièce du Dragon
Mais il n’y a pas suffisamment d’eau pour que toutes les fontaines fonctionnent ensemble. Les fontainiers sifflent à l’approche du roi afin d’ouvrir les vannes au moment opportun grâce à leurs grandes clés lyres et régler la hauteur des jets !
Aujourd’hui encore, à la tombée de la nuit, les jardins se transforment en un parcours féerique où bassins et bosquets sont mis en eau et en couleurs. Des artistes de la lumière font rayonner les jardins de mille feux et proposent au promeneur leurs surprenantes installations.

Vue et perspective du Jardin des trois bassins de Versailles
Les jeux d’eau de Versailles sont conçus pour agrémenter la promenade du roi et de sa cour. Ils témoignent de la puissance du monarque et contribuent au faste de ses fêtes.
Mais il n’y a pas suffisamment d’eau pour que toutes les fontaines fonctionnent ensemble. Les fontainiers sifflent à l’approche du roi afin d’ouvrir les vannes au moment opportun grâce à leurs grandes clés lyres et régler la hauteur des jets !
Aujourd’hui encore, à la tombée de la nuit, les jardins se transforment en un parcours féerique où bassins et bosquets sont mis en eau et en couleurs. Des artistes de la lumière font rayonner les jardins de mille feux et proposent au promeneur leurs surprenantes installations.
© Bibliothèque nationale de France
© Bibliothèque nationale de France
La magie des Grandes Eaux
Les jeux d’eau de Versailles sont conçus pour agrémenter la promenade du roi et de sa cour. Ils témoignent de la puissance du monarque et contribuent au faste de ses fêtes.
Mais il n’y a pas suffisamment d’eau pour que toutes les fontaines fonctionnent ensemble. Les fontainiers sifflent à l’approche du roi afin d’ouvrir les vannes au moment opportun grâce à leurs grandes clés lyres et régler la hauteur des jets !
Aujourd’hui encore, à la tombée de la nuit, les jardins se transforment en un parcours féerique où bassins et bosquets sont mis en eau et en couleurs. Des artistes de la lumière font rayonner les jardins de mille feux et proposent au promeneur leurs surprenantes installations.
L’entretien du réseau

Dans les coulisses du Bassin de Latone : "l’araignée".
En remplacement de la terre glaise qui en assurait l’étanchéité, on bétonne le fond du bassin. Sous la pyramide qui porte la statue sont aménagés des tuyaux en plomb qui forment "l’araignée" : 70 jets allant du centre vers les bords.
Avec les années, les tuyaux fuient de toutes parts. Quant au béton, il a une durée de vie beaucoup plus réduite que la glaise, plus coûteuse et plus complexe à mettre en œuvre, mais plus durable et plus conforme à la conservation du patrimoine.
Aujourd’hui, le bassin est en complète restauration (voir le site latone. chateauversailles. fr). Le béton est refait, ainsi que la galerie et la structure entière de la pyramide. Les tuyaux refaits en plomb vont répartir l’eau comme dans le bassin d’origine (les archives de l’époque ont été étudiées).
Les statues sont aussi en cours de restauration, elles vont être redorées entièrement, et les marbres seront nettoyés. À la demande d’un mécène qui finance la restauration, le public peut assister aux travaux en cours.
Merci à Gilles Bultez, chef du service des Fontaines, château de Versailles
Les racines des arbres transpercent les tuyaux les plus fragiles. En hiver, les canalisations éclatent à cause du gel et les rats affamés grignotent les joints en cuir. Cela complique beaucoup le travail des fontainiers, qui doivent déterrer les conduites pour réparer toutes les fuites.
Le fond des bassins est en glaise. Ce dispositif assure une étanchéité maximale et peut durer plusieurs siècles.
Aujourd’hui, la réfection du bassin de Latone permet de redécouvrir les techniques employées à l’époque du Roi Soleil.
Les fontaines en chiffres

Les jardins de Le Nôtre
Depuis le château de Versailles, la perspective conduit le regard du parterre d’eau jusqu’à l’horizon. Le jardinier André Le Nôtre prolonge cette perspective en élargissant l’allée royale et en faisant creuser le grand canal.
L’aménagement des jardins est aussi important aux yeux de Louis XIV que le palais lui-même. Les travaux commencés en 1661 durent près de 40 ans. Jean-Baptiste Colbert, surintendant des bâtiments du roi, dirige le chantier ; Charles Le Brun, premier peintre du roi, dessine un grand nombre de statues et fontaines ; un peu plus tard, l’architecte Jules Hardouin-Mansart participe à l’ordonnancement des décors et construit l’Orangerie. Le roi se fait soumettre tous les projets et veut le "détail de tout".
La création des jardins est un gigantesque chantier pour transformer ce qui n’était que bois, prairies et marécages en un parc ordonné.
© Bibliothèque nationale de France
© Bibliothèque nationale de France
Les travaux de Louis XIV
- Les travaux réalisés sous le règne de Louis XIV s’étendent sur près d’un quart de siècle.
- La création du système hydraulique représente plus de 30% des 80 millions de livres dépensés pour Versailles. À titre de référence, le salaire moyen d’un ouvrier ne dépasse pas 20 livres par mois.
- La machine de Marly est dotée de 14 roues à aubes de 11,60 m de diamètre et de 221 pompes.
- Jusqu’à 16 000 brouettes et 30 000 hommes (dont 22000 soldats) sont employés au chantier du canal de L’Eure.
À la fin du règne de Louis XIV
- Le jardin compte plus de 2400 jeux d’eau.
- Les fontaines visibles du château fonctionnent à la belle saison de 8h du matin à 8h du soir, elles consomment alors 1100 m3 d’eau par heure.
- Les Grandes Eaux (spectacle offert par l’ensemble des fontaines) peuvent durer 3 heures, elles consomment 6300 m3 d’eau par heure.
- Les canalisations des jardins s’étendent sur près de 30 km et l’ensemble du réseau hydraulique (rigoles, aqueducs, canalisations...) sur environ 200 km.
Le réseau actuel compte 30 km de canalisations, dont 90% remontent au temps de Louis XIV. Le parc de Versailles renferme 34 bassins, 50 fontaines et 700 jets. Les Grandes Eaux nécessitent l’utilisation de 12000 m3 d’eau.