Charles Garnier est nommé architecte du nouvel opéra le 6 juin 1861. Moins de deux mois plus tard, le 27 août, les travaux de terrassement démarrent, mais il faut passer par une phase d’assainissement du terrain longue de plusieurs mois. En effet, les creusements révèlent une nappe souterraine alimentée par des ruisseaux dévalant des hauteurs de Ménilmontant. Pendant huit mois, des pompes à vapeur assainissent les sous-sols, puis Garnier y fait construire un réservoir de béton rempli d’eau, pour compenser la pression de la nappe phréatique, stabiliser le sol et étanchéifier le futur opéra. Ce dispositif aussi imposant qu’imprévu donnera naissance à la légende du lac souterrain sous l’édifice, mais aujourd’hui encore il sert de réservoir d’eau aux pompiers de l’opéra. La première pierre est posée le 13 janvier 1862, puis six mois plus tard, la première pierre apparente. En 1863, les travaux du premier étage débutent. L’objectif est d’inaugurer l’opéra pour l’exposition universelle de 1867, mais à cette date, si la façade est achevée, la toiture ne l’est pas encore, et ne le sera qu’en 1869. En septembre 1870, le chantier est stoppé suite à la guerre contre la Prusse et la chute de Napoléon III. L’opéra inachevé devient une réserve de nourriture pour l’armée. Les travaux ne reprennent qu’en 1873, suite à l’incendie de la salle Peletier. Pour la toute jeune IIIe République, il devient alors urgent de disposer d’une salle de spectacle. L’opéra Garnier est finalement inauguré pour la seconde fois en 1875, 15 ans après le début du chantier. Au programme de la soirée d’ouverture figurent non pas une seule pièce, mais des extraits variés, afin de présenter un large échantillon d’œuvres musicales. Charles Garnier y est très applaudi, mais l’histoire retiendra aussi que, n’ayant pas reçu d’invitation, il a dû acheter son billet !
© BnF
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