Dans ses plans du nouveau théâtre de Besançon, Ledoux innove :
- Il ne construit pas de loges, considérant qu’elles cloisonnent l’espace, mais leur préfère des gradins en demi-cercle, comme dans les théâtres romains, et des balcons successifs. - Il place les musiciens en avant et en contrebas de la scène, dans la première fosse d’orchestre jamais créée dans une salle de spectacle.
- Tout en haut, le "poulailler", espace réservé aux spectateurs les plus modestes, n’est pas dissimulé, mais agrémenté d’une rangée de colonnes inspirées de l’Antiquité.
Cette étrange gravure de Ledoux montre les gradins vus depuis la scène, le tout reflété dans un œil grand ouvert (celui de l’architecte ? du spectateur ? du comédien ? ). Elle insiste évidemment sur le côté spectaculaire de l’architecture.
Le théâtre de Besançon existe toujours, mais a subi des modifications successives qui l’éloignent des plans d’origine.
L'architecture de Ledoux a toujours à voir avec le regard. Le demi-cercle de la saline permet une vision panoramique. Dans la ville de Chaux, on voit loin grâce aux avenues larges et rectilignes. Dans les bâtiments, les différents espaces sont séparés, mais le regard y circule.
Ces dispositions favorisent-elles une plus grande transparence ou facilitent-elles la surveillance ? Aujourd'hui encore, certains voient Ledoux comme un idéaliste, d'autres comme un précurseur des prisons où les détenus sont en permanence sous le regard des gardiens.