La sécurité au Moyen Âge

Des échelles et des plans inclinés pour accéder aux échafaudages
Sur les enluminures médiévales figurant un chantier de construction, la question de la sécurité des artisans est rarement mise en avant. Souvent, les maçons et les charpentiers sont montrés évoluant sans aucune protection tout en haut des murs et des toits inachevés, empruntant des échafaudages constitués de perches retenues par des cordes, souvent branlants…
Pourtant, le souci de la sécurité des artisans sur les chantiers existe bien, comme en témoignent les nombreuses représentations de "miracles" : un peintre reste accroché à une statue après une chute, un charpentier arrive au sol en douceur dans les bras d’un ange…
Les maîtres bâtisseurs ne s’en remettent pourtant pas à la seule grâce divine. Afin d’assurer la sécurité des artisans, les planchers des échafaudages peuvent être munis de garde-fous et bordés d’une plinthe qui évite la chute des outils.

Des accidents nombreux
Les techniques architecturales se complexifient, les édifices prennent de la hauteur et les conditions de travail peuvent se révéler très dangereuses. Les charpentiers sont chargés de construire les échafaudages au fur et à mesure que les édifices s’élèvent. Malgré des ébauches de mesures de sécurité, les accidents ne sont pas rares sur les chantiers médiévaux. Les chutes de matériaux, les éboulements ou les effondrements sont monnaie courante. Les échafaudages, souvent constitués de perches seulement retenues par des cordes, sont branlants et occasionnent de nombreux accidents, alors que les flèches des cathédrales de la période gothique peuvent s’élever à 150 m de hauteur !
Les édifices peuvent aussi s’écrouler alors qu’ils viennent d’être achevés. En 1573, par exemple, c’est la flèche récemment édifiée de la cathédrale de Beauvais qui s’effondre.
Un exemple connu : en septembre 1178, l’échafaudage sur lequel est monté Guillaume de Sens, maître d’œuvre du chœur de l’église de Canterbury, afin d’installer les cintres de la voûte de la croisée du transept, se rompt et Guillaume de Sens fait une chute de 16 m du sol qui l’oblige finalement à abandonner ses responsabilités.
© Bibliothèque nationale de France
© Bibliothèque nationale de France

Accident et miracle sur un chantier médiéval
On accède aux plates-formes des échafaudages soit par des échelles, soit par des plans inclinés. Ces derniers, en bois ou en clayonnage, comportent souvent des barres transversales clouées sur leur plan supérieur pour éviter les glissades.
Les travailleurs se font aussi des blessures avec des outils pointus ou coupants. D’autres se brûlent avec de la chaux vive, car seuls les plus expérimentés (les maîtres maçons et tailleurs de pierre) se voient fournir des gants de protection.
Ces mesures de sécurité demeurent largement insuffisantes, et les accidents restent nombreux.