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François Ier, bâtisseur de châteaux

Le roi François Ier construit ou remanie plus de 11 châteaux pendant son règne. Collectionneur et humaniste, il soutient de nombreux artistes comme le peintre Jean Clouet ou le fameux Léonard de Vinci à qui il achète La Joconde. Il souhaite faire du français une langue de culture...

Défenseur des arts et de l'humanisme, François Ier laisse un héritage culturel impressionnant. Bâtisseur de châteaux dont la beauté a frappé les esprits, il a rassemblé une collection d'œuvres d’art exceptionnelle, fait travailler les artistes de son temps et fondé la plus belle bibliothèque royale d’Europe du Nord. François veut que sa cour rayonne à travers l’Europe et rêve qu’elle puisse se faire impériale, car pour lui, comme pour tous les princes de son temps, la magnificence d’un prince se mesure à l’importance des édifices qu’il fait construire.

Le château de Chambord témoigne de cette ambition. Son plan est organisé autour d’un espace central en croix et se développe à partir du nombre 4, nombre qui régit la vie du monde, les éléments, les saisons, les humeurs, les vents, les points cardinaux. Les 4 tours circulaires sont orientées aux 4 points cardinaux. Un témoignage de l’époque souligne que le château a 4 portes pour les 4 parties du monde. Le fabuleux escalier à double révolution, au cœur du château, a été comparé à une gigantesque turbine qui assimile le château à une machine fantasque, tournant idéalement sur elle-même. La voûte est recouverte d’une constellation de salamandres, d’initiales royales couronnées et de fleurs de lys en bas-relief insérées au sein de compartiments inscrits dans une croix. C’est un hymne à la grandeur du roi qui se propage de manière obsessionnelle à l’intérieur comme à l’extérieur de l’édifice. Après la défaite de Pavie, le roi poursuit les travaux de réaménagement des châteaux d’Amboise et de Blois. Mais il écourte ses séjours en Val de Loire pour se rapprocher de la capitale.

En 1528, il ouvre presque simultanément 3 nouveaux chantiers : celui du Louvre, des châteaux de Fontainebleau et de Madrid, à l’emplacement actuel du bois de Boulogne.

L’année suivante commence la reconstruction de Villers-Cotterêts. Dans l’aile centrale, la voûte du grand escalier reprend le parti décoratif à caissons sculptés contenant le lys, l’initiale couronnée du roi et la salamandre. La voûte de l’escalier sud-est, desservant la chapelle, est ornée de caissons aux sujets mythologiques. Dans les derniers caissons sont figurés Mercure, Jupiter embrassant Cupidon, Apollon et Marsyas. Ces scènes illustrent le passage d’une dimension charnelle de l’amour à la lutte contre le vice, signification généralement associée au premier travail d’Hercule. Fleurs de lys, salamandres, initiales couronnées et chérubins se combinent avec exubérance dans la frise sculptée, fourmillent sur les chapiteaux et autour du fût cannelé des colonnes.

En 1530, Rosso Fiorentino arrive à Fontainebleau où Primatice le rejoint l’année suivante. Les grands décors réalisés par Fiorentino et Primatice sont la quintessence du maniérisme italien savamment adapté au goût français. Le décor de la grande galerie, qui relie les appartements du roi à la chapelle, est l’un des plus énigmatiques de la Renaissance. Le souverain en a jalousement gardé le secret.

À la fin de son règne, François Ier aura construit ou remanié plus de 11 châteaux. Le roi n’aura pas construit des palais identiques mais des demeures originales où puisse s’opérer l’enchantement du dépaysement et le plaisir de la chasse, de l’amour et du repos. Banquets, fêtes, bals costumés, mascarades se succèdent à la cour. Les châteaux de François Ier se veulent en effet l’écrin d’une vie de cour nouvelle, comme les somptueuses reliures à ses armes sont l’écrin d’une culture revivifiée par un prince protecteur des arts et des lettres. Le roi soutient de nombreux artistes : le miniaturiste Jean Bourdichon, élève de Jean Fouquet, Jean Clouet, originaire de Bruxelles, qui devient peintre du roi en 1528. Outre Léonard de Vinci, qui meurt dès 1519, le roi fait venir des artistes italiens. Le roi collectionne toute sorte d’œuvres d’art : manuscrits anciens, miniatures, tableaux, sculptures, objets d’art, médailles, tapisseries, pierres précieuses, curiosités.

Bâtisseur et collectionneur, il protège et soutient matériellement de nombreux artistes et écrivains, participant activement au grand mouvement européen de la Renaissance et de l’humanisme. Dès le début du règne, artistes et savants ont accès à la cour, le roi se fait lire leurs œuvres, commande des traductions, accorde des dons. Amoureux des vers de Pétrarque, il en impose la mode à la cour. Il écrit lui-même des poèmes. L’étude savante est confortée par la création des postes de lecteurs royaux en langues anciennes, rémunérés directement par la couronne. Les volumes offerts au roi rejoignent d’autres ensembles de livres, hérités ou constitués sous son règne.

François Ier reçoit ainsi, à son avènement, la bibliothèque des ducs d’Orléans, devenue royale avec Louis XII et conservée au château de Blois, ainsi que celle des Angoulême, qui reste une propriété personnelle. La récolte de centaines de manuscrits grecs, achetés ou copiés à grand frais, surtout en Italie, et la grande entreprise des années 1540 à destination du collège des lecteurs royaux. Constituée au même moment, la bibliothèque italienne du roi répond à des motivations plus privées, en accord avec ses goûts. Plusieurs programmes de reliures aux armes et le rassemblement, en 1544, de toutes ces collections au palais de Fontainebleau donnent finalement une grandiose unité à une nouvelle bibliothèque royale digne du protecteur des lettres. L’attitude de François Ier envers les lettres et les lettrés fait de son règne un moment de mutation. Les nombreuses traductions commandées par le roi puis imprimées témoignent de sa volonté de diffuser le savoir. Le roi partage en effet avec nombre d’humanistes la conviction qu’il faut donner au français les moyens de devenir une langue de culture. L’image d’un prince bibliophile et mécène de quelques lettrés courtisans se transforme en une figure de roi humaniste, investi dans la défense générale des lettres.

© Bibliothèque nationale de France | 02 : 38 min