Dans un contexte millénariste qui interprête l’apocalypse de saint Jean au pied de la lettre et croit à un paradis ici-bas, on attendait depuis le 14e siècle un roi-sauveur, « second Charlemagne », qui après sa victoire sur tous les païens délivrerait Jérusalem et serait le dernier empereur couronné à Rome, avant le règne du Christ.
François Ier n’a pas pour seul objectif la conquête des terres italiennes susceptibles de revenir par héritage à sa famille. Il ambitionne de devenir le premier prince de la chrétienté. Aucun roi de France n’a été avant lui un aussi sérieux candidat à l’élection impériale de 1519. Il envisage même une croisade en 1518 pour s’assurer la bienveillance du pape. Cet imaginaire impérial va de pair avec une aspiration à la monarchie universelle, à faire régner la paix entre princes chrétiens, à réformer l’Église et à diffuser la foi chrétienne en repoussant la menace ottomane.
Cette gravure représente, à gauche, la concorde entre les chrétiens, condition préalable à l’accomplissement de la croisade. Le pape, siégeant au milieu des dignitaires ecclésiastiques, remet l’étendard de la croisade au roi de France, devant l’assemblée des princes chrétiens. Ces derniers, identifiés par leurs cottes d’armes, lui rendent hommage. À droite, le roi est à la tête des armées chrétiennes, face aux troupes turques. Entre les deux images figure un appel à la croisade en vers.