L’architecture du château de Fontainebleau
L'influence de François Ier, Henri II, Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, Napoléon Ier et aussi Napoléon III !

La galerie François Ier
La galerie François Ier avait pour fonction de relier les appartements du roi, installés dans le donjon de saint Louis, à la chapelle de la Trinité. Au-dessus de la galerie se trouvait la bibliothèque, riche d’environ 2 700 volumes. Les "F" et les salamandres rappellent que cette galerie fut édifiée sous François Ier qui en confia la décoration au peintre italien Giovanni Battista di Jacopo, dit Rosso Fiorentino. Le Rosso s’inspire du chef-d’œuvre de son maître Michel Ange, la chapelle Sixtine.
Le décor de la galerie constitue une innovation majeure dans l’histoire de l’art : pour la première fois, un décor est composé de fresques associées au stuc en haut relief, au-dessus d’un lambris de bois sculpté.
Ce système décoratif est décliné des deux côtés de la galerie sur sept travées. Le type d’ornements utilisé est popularisé dès sa création par des estampes et diffusé dans toute l’Europe. Sous François Ier, la lumière pénétrait par les deux longs côtés, mais au 18e siècle, le bâtiment fut doublé côté nord pour créer de nouveaux appartements. Les anciennes fenêtres furent donc occultées.
© Château de Fontainebleau
© Château de Fontainebleau
Le château de Fontainebleau a été marqué par les influences successives de la Renaissance, du Classicisme et des restaurations impériales. Parmi les grands bâtisseurs qui ont façonné Fontainebleau, François Ier occupe une place majeure, lançant des travaux d’envergure qui donneront naissance à la Première École de Fontainebleau.
Le palais de François Ier
Un projet ambitieux inspiré de l'Italie
Aux 15e et 16e siècles, le château de Fontainebleau connaît un formidable développement à l’instigation de François Ier de retour d’Italie. La construction de la fameuse galerie reliant sa chambre à la chapelle est le cadre du plus célèbre décor de la Renaissance française. Œuvre des artistes italiens, Primatice et Rosso Fiorentino, elle marque la naissance de la Première École de Fontainebleau.

L’ignorance chassée, château de Fontainebleau
Pour la technique de la fresque, le peintre intervient directement sur l’enduit encore frais (en italien “a fresco”). Ce procédé nécessite un travail rapide et sûr car les corrections ne sont pas possibles. Comme les pigments pénètrent dans l’enduit, les couleurs de la peinture donnent un résultat plus vif et plus durable.
Une préparation soigneuse du support est nécessaire : on applique des couches successives d’enduit à grains de plus en plus fins. La peinture est ensuite appliquée sur le support humide mais pas collant. Cette contrainte oblige le peintre à travailler rapidement en prévoyant la quantité exacte de peinture pour une surface de 1 à 4 m2, exécutable en une seule journée.
© Thomas Orssaud
© Thomas Orssaud

L’éléphant fleurdelisé, château de Fontainebleau
La galerie François Ier est ornée d’un décor conçu par le peintre florentin Rosso Fiorentino. Les sujets des compositions célèbrent la personne du souverain suivant un programme aujourd’hui difficile à décrypter. La scène de l’Éléphant royal illustre cette célébration de la royauté. L’éléphant porte une salamandre sur le front, des fleurs de lys et un "F" sur le caparaçon. Il exprime la force et la sagesse de la royauté. À ses pieds figurent trois dieux de l’Olympe symboles de l’air (Zeus avec la foudre gouvernant les cieux), de la terre (Hadès gardant les enfers avec Cerbère) et de l’eau (Poséïdon avec son triton règne sur les mers). À eux trois ils représentent les trois univers sur lesquels règne le roi. La cigogne symboliserait l’amour filial, celle-ci représentant la mère du roi, Louise de Savoie. À gauche de la fresque, on distingue un personnage en manteau vert et à la barbe rousse. Il pourrait s’agir d’un autoportrait du Rosso, le peintre ayant ainsi signé son tableau.
© Thomas Orssaud
© Thomas Orssaud
Une transformation majeure en 1528
L’année 1528 constitue un repère dans l’histoire de la construction du château de Fontainebleau. En effet, cette année-là, après avoir ordonné d’abattre le château vieux pour élever un palais à sa mesure, François Ier entame l’édification de la galerie. Attenante à l’appartement du Roi dont la chambre est située au premier étage du donjon, l’aile de la galerie est un espace privé réparti sur deux niveaux.
Une galerie réservée au roi et à ses invités prestigieux
Au premier étage, la galerie est un lieu réservé à la déambulation du souverain. Elle est alors éclairée en lumière traversante puisque ses fenêtres prennent à la fois jour au sud sur la cour de la Fontaine et regardent au nord, du côté du jardin de la Reine. Ce n’est qu’au 18e siècle, lors du doublement de l’aile pour y déployer de nouveaux appartements pour Louis XVI, que ses fenêtres ont été obturées et le cabinet de retraite du Roi, supprimé.
De cette galerie – la première construite en France – on raconte que le Roi en conservait lui-même la clé autour du cou et qu’il en réservait la visite à ses hôtes de marque. Au rez-de-chaussée, se déployaient les appartements de bains dans lesquels François Ier exposait, outre les grands antiques du Vatican fondus par Primatice à Fontainebleau même, des tableaux précieux comme La Joconde ou La Vierge au Rocher de Léonard de Vinci.

Homme barbu en stuc
Entourant la fresque de L’incendie par Rosso Fiorentino, dans laquelle deux jeunes hommes portent leurs pères sur leurs épaules, les stucs représentent à gauche un homme barbu vêtu de braies, représenté ici, et à droite un jeune homme portant un pagne. Ces deux personnages évoquent l’amour filial, tandis que la fresque pourrait faire référence au dévouement des deux fils de François Ier, lorsque ceux-ci se sont fait emprisonner par les espagnols en échange du roi alors prisonnier à Madrid.
On remarque en bas l’initiale "F" en or sur fond bleu.
© Vinca Hyolle
© Vinca Hyolle
L'expansion du château et la réorganisation du domaine
Tandis que du côté de la cour Ovale, François Ier fait reconstruire le château sur les fondations primitives, dans le même temps, il reprend aux religieux les terrains de l’abbaye nécessaires à la constitution du domaine.
C’est ainsi que sont érigés les bâtiments qui bordent la cour du Cheval blanc (aile des Ministres au nord, aile de Ferrare à l’ouest, aile de la Galerie d’Ulysse au sud). Leur construction s’accompagne de celle de diverses dépendances (grand et petit jeu de paume, chenil, conciergerie, pavillons…). Des ajouts sont alors régulièrement effectués (modifications d’escaliers, construction de la colonnade ceinturant la cour Ovale, permettant la desserte des appartements et la montée de la garde à leurs abords, développement des bâtiments bordant la cour de la Fontaine puis alignement de ceux regardant du côté de la cour du Cheval blanc). La reconstruction d’une chapelle royale sur deux niveaux superposés marque un aboutissement.

La chapelle de la Trinité
Ancienne église conventuelle des moines Mathurins installés par saint Louis, cette chapelle a été rattachée au château sous François Ier. Reconstruite à partir de ce règne et sous celui d’Henri II, elle reçoit la voûte actuelle sous Henri IV. Son exceptionnel décor caractéristique de la Seconde École de Fontainebleau préfigure le style baroque.
On doit au peintre Martin Fréminet les scènes du mystère de la Rédemption de l’homme.
Le maître-autel, installé en 1633, est l’œuvre du sculpteur italien Francesco Bordoni, lequel est aussi l’auteur du dallage en marbre multicolore du sol.
Le tableau d’autel peint par Jean Dubois le Vieux en 1642 représente la Sainte Trinité au moment de la déposition de croix.
© Château de Fontainebleau
© Château de Fontainebleau
Les aménagements ultérieurs : un palais en constante évolution
Henri II et les fêtes royales
La simple loggia initialement prévue par François Ier qui ouvrait sur la cour ovale et les jardins, a été transformée par Henri II en une grande salle de réception et d’apparat pour y organiser les fêtes royales.
Les "H" et les croissants de lune, chiffres et emblèmes d’Henri II, attestent du rôle du roi dans cet espace.

La salle de bal
La simple loggia initialement prévue par François Ier et réalisée sous la direction de Gilles Le Breton qui ouvrait sur la cour ovale et les jardins, a été transformée par Henri II en une grande salle de réception et d’apparat pour y organiser les fêtes royales. La conception de la salle est confiée à l’architecte Philibert Delorme.
Les "H" et les croissants de lune, chiffres et emblèmes d’Henri II, attestent du rôle du roi dans cet espace. Les fresques imaginées par Primatice ont été réalisées par Nicolo dell’Abate et son équipe sur des thèmes liés aux plaisirs de la chasse, des festins et de la danse, ou des thèmes mythologiques comme Apollon et les muses ou les noces de Thétis et Pelée.
© Château de Fontainebleau
© Château de Fontainebleau
L'influence d'Henri IV
Henri IV a largement contribué à la beauté architecturale et décorative du château de Fontainebleau. Le souverain aimait y résider, loin de l’agitation parisienne. Entre 1600 et 1610, il a fait venir au domaine les meilleurs architectes, peintres et sculpteurs d’Europe du Nord.

Manteau de cheminée à l’effigie d’Henri IV
Henri IV a largement contribué à la beauté architecturale et décorative du château de Fontainebleau.
Le souverain aimait y résider, loin de l’agitation parisienne. Entre 1600 et 1610, il a fait venir au domaine les meilleurs architectes, peintres et sculpteurs d’Europe du Nord. Reste notamment la salle de la Belle cheminée avec ce portrait en pied du roi de France et de Navarre sur son cheval blanc, gravé dans le marbre par Mathieu Jacquet.
© Vinca Hyolle
© Vinca Hyolle
Le règne de Louis XIII et l'emblématique escalier en fer à cheval
Palais tentaculaire, le château de Fontainebleau fait la synthèse de l’architecture en France, du 12e au 19e siècle. Symbole du château de Fontainebleau, le célèbre escalier en fer à cheval est un ouvrage du règne de Louis XIII – d’après un modèle de la Renaissance – dû à Jean Androuet du Cerceau.
L’empreinte de Louis XIV et l’aménagement des jardins
L’empreinte de Louis XIV à Fontainebleau se manifeste essentiellement par la création du grand parterre confiée à André Le Nôtre.
Les transformations de Louis XV et Louis XVI
Sous Louis XV, la construction de nouveaux logements pour la Cour entraîne d’importantes démolitions, notamment celle de la galerie d’Ulysse. Sous Louis XVI, les modifications apportées concernent surtout les décors intérieurs des appartements des souverains.

Gros Pavillon de la cour de la Fontaine, appartements de Louis XV et de Marie Leckzinska
Sous Louis XV, la construction de nouveaux logements pour la Cour entraine d’importantes démolitions. C’est ainsi qu’est construite une nouvelle aile fermant la cour des Princes, que la fameuse galerie d’Ulysse est mise à bas pour être remplacée par l’aile de Gabriel, que la destruction du pavillon des Poëles permet la construction du Gros Pavillon. L’ensemble est édifié par Jacques-Ange Gabriel en 1750.
© Vinca Hyolle
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Les restaurations du château sous Napoléon Ier et Napoléon III
Napoléon Ier, restaurant la “demeure des Rois” mise à mal par la Révolution, reprend à son compte les idées du siècle précédent, visant à rendre plus harmonieuses les façades de la cour du Cheval Blanc. Les travaux de restauration se poursuivent sous la restauration et la monarchie de Juillet.

La salle du trône
Cette ancienne chambre à coucher des rois, de Henri III à Louis XVI, a été transformée en salon de l’empereur par Napoléon Ier en 1804, puis en salle du trône en 1808. La partie centrale du plafond (aux armes de France et de Navarre), une partie du lambris bas, les portes à fronton et les bas-reliefs à motifs guerriers datent du milieu du 17e siècle. Les boiseries murales sont ornées de l’emblème de Louis XIII : la massue d’Hercule accompagnée d’une inscription en latin signifiant "les monstres eux-mêmes la connaîtront".
© Vinca Hyolle
© Vinca Hyolle

La cour d’honneur
Cour principale du château à partir du 17e siècle, la cour d’Honneur, ou cour des Adieux, faisait auparavant office de basse-cour.
Elle trouve sa forme actuelle sous Napoléon Ier qui fait remplacer l’aile Ferrare par l’actuelle grille d’honneur. Rendue célèbre par son escalier en fer à cheval réalisé par Jean-Androuet du Cerceau en 1632-1634, elle est le lieu des adieux de Napoléon Ier à sa garde le 20 avril 1814.
© Vinca Hyolle
© Vinca Hyolle
Le règne de Napoléon III se caractérise par la poursuite des restaurations entreprises depuis le début du siècle. La plus notable est celle de la galerie des cerfs afin de lui rendre ses volumes et décors du règne d’Henri IV. En 1854-1857 est construit le nouveau théâtre dans l’aile Louis XV.

La galerie des cerfs
Ornée sous Henri IV de vues à vol d’oiseau des châteaux appartenant à la couronne et entourés de leurs domaines de chasse, la galerie des cerfs est scandée de têtes de cerfs en plâtre surmontées de ramures naturelles. Elle abrite depuis les années 1960 les grands antiques du Vatican, moulés par Primatice pour François Ier en Italie, dont les bronzes ont été fondus à Fontainebleau même.
© Château de Fontainebleau / Bernard Sarrazin
© Château de Fontainebleau / Bernard Sarrazin