Daniel Burnham (1846-1912), militant pour la « City beautiful »
Originaire de Chicago, Daniel Burnham fonde avec son confrère John Wellborn Root une agence d’architecture en 1873 à Chicago. Le cabinet Burnham and Root reçoit rapidement de nombreuses commandes, d’autant plus qu’à la suite du grand incendie de Chicago de 1871, presque toute la ville est à reconstruire. S’inspirant des aménagements haussmanniens à Paris, les architectes sont à l’origine du mouvement « City beautiful », dont l’exposition universelle de Chicago en 1893 – désormais baptisée « Ville blanche » – marque l’une des apogées.

Le Rookery Building de Chicago (1886)
Construit en 1886 par Daniel Burnham, l’architecte du Flatiron Building, le Rookery est l’une de ses premières réalisations. S’il arbore l’allure des premiers gratte-ciel, et un nombre d’étages respectable (pour l’époque), sa façade est encore faite de maçonnerie.
© BnF
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Le Monadnock Building (Chicago), 1889
Architecte du détail
Travaillant avec les plus grands artistes de sa génération, comme le paysagiste Frederick Law Olmsted, Daniel Burnham cherche à créer des villes agréables et aérées, dont les longs boulevards sont bordés d’immeubles de bureaux et de commerces. Burnham travaille sur les moindres détails, comme le mobilier urbain (abribus, corbeilles et poubelles, grilles d’arbres). Les espaces verts sont également très présents. De grands parcs et jardins, le long desquels sont construites les grandes institutions culturelles (théâtre, opéra, musée), permettent au citadin de se ressourcer au cœur même de la ville.
La carrière de Daniel Burnham ne s’arrête pas à Chicago : travaillant dans les grandes villes de l’Est des États-Unis comme Detroit, Philadelphie, Washington D. C. ou New York, il propose un plan d’aménagement pour San Francisco (sur la côte Ouest) et se voit même envoyé en 1904 aux Philippines par le gouvernement américain.

Le Flatiron Building à New York
Le Flatiron est, avant tout, un immeuble destiné à héberger des bureaux et des sièges d’entreprises : éditeurs, compagnies d’assurances, cabinets d’architectes… mais aussi le consulat de Russie. La Fuller Company, qui a travaillé avec Daniel Burnham sur les aspects techniques et constructifs, a élu domicile au 19e étage pour quelques années. Au sous-sol, un vaste restaurant recevait des clients du petit-déjeuner au souper, après la sortie des théâtres situés non loin, sur Broadway. Aujourd’hui encore, le Flatiron est essentiellement un immeuble de bureaux.
De bas en haut, le Flatiron se divise en trois parties : le rez-de-chaussée et les deux premiers étages, revêtus de pierre calcaire, traduisent la solidité et la stabilité. Le troisième étage est l’un des plus ornés : exécutées en terre cuite glacée, des couronnes de lauriers encadrent des masques ou des cartouches, soulignées par des frises grecques, des entrelacs ou des fleurons. Du 4e au 15e étage, les frises grecques et les entrelacs courent tout le long et laissent voir l’appareillage de brique. Le décor à profusion revient dans les derniers étages. On retrouve les masques et les colonnes baguées observées aux étages inférieurs, mais aussi des têtes de lions. À l’image des palazzo italiens, l’immeuble est couronné d’une large corniche. Ces trois sections pourraient faire également penser aux trois parties qui composent une colonne : la base, le fût et le chapiteau.
Library of Congress
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Illuminations du Flatiron Building
Cette forme lui vaut le surnom de Flatiron, fer à repasser, mais on pourrait tout aussi bien penser à une proue de bateau.