Le décor du passage Pommeraye

Statue et luminaire du passage Pommeraye, Nantes
Dans les années 1960, le passage Pommeraye est très dégradé. Une importante campagne de restauration est engagée en 2013 et doit s’achever en 2015. Classé monument historique en 1976, le passage Pommeraye n’a jamais connu une telle restauration.
Les travaux réalisés sous le contrôle du conservateur des monuments historiques, des Bâtiments de France et de la direction du Patrimoine de la Ville de Nantes concernent les parties classées (l’intérieur des boutiques ne l’est pas). Le projet est de reproduire l’état du passage à son ouverture en 1843, pas de faire une réfection de l’existant.
Pour l’éclairage par exemple, les premiers luminaires fonctionnent au gaz, ce qui constitue une grande nouveauté au moment de la construction du passage. Leur dessin a été retrouvé, ce qui permet de les reproduire à l’identique. Mais les LED viennent désormais remplacer le gaz.
Certains luminaires sont reproduits par moulage. À l’intérieur, des câbles électriques sont passés pour permettre l’alimentation. Au total, l’opération nécessite 400 kg de fonte et 200 m de câbles. Les luminaires au-dessus des vitrines, qui datent des années 1930, sont conservés, et fonctionnent également avec des LED.
© Simon Texier
© Simon Texier
L’architecture intérieure du passage est différente selon les galeries. Ceci peut s’expliquer par un partage des tâches entre les deux architectes. La partie supérieure (galerie Santeuil) s’inspire vraisemblablement de la galerie Vivienne à Paris, la partie inférieure (galerie de la Fosse) présente l’étroitesse et la simplicité des plus modestes passages parisiens comme le passage des Panoramas). En revanche, la partie centrale et ses quatre étages sont traités de manière particulièrement originale.
Outre son riche décor sculpté, il faut noter le traitement des chapiteaux des 16 colonnes s’élevant sur deux niveaux, peut-être inspirés de ceux de l’Iran ancien (en plus stylisé puisqu’il n’y a pas de têtes de taureaux).
Le riche décor sculpté est l’œuvre de Jean Debay, sculpteur parisien, et de Louis Grootaërs et son fils Guillaume, sculpteurs belges installés à Nantes.
Louis Grootaërs réalise la décoration de la verrière de la galerie Santeuil, divisée en quatre parties égales par des arcades ornées de stucs représentant des motifs végétaux de paradisiers et des lianes enchevêtrées.
Guillaume Grootaërs réalise dans les écoinçons situés entre les fenêtres de la galerie Santeuil une série de huit médaillons représentant des célébrités de la région.
Jean Debay conçoit en terre cuite les statues des deuxième et troisième niveaux : des allégories qui entourent l'escalier, représentant le Commerce, l'Industrie, l'Agriculture, les Beaux-arts, le Spectacle, les Sciences et le Commerce maritime (chacune est réalisée en plusieurs exemplaires).
Le peintre décorateur Achille Légier est chargé de la décoration des devantures des 31 magasins en activité à l'ouverture du passage. À noter : le sol des trois galeries est carrelé (le carrelage n’est pas d’origine). Pour marquer la continuité entre la rue et le passage, une bande de carreaux sombres, à 0,50 m du bord, dessine un trottoir fictif, qui suit les décrochements des devantures des boutiques. Entre l’espace public de la ville et l’espace privé du passage, il n’y aurait ainsi quasiment pas de différence.

La galerie Santeuil
L’originalité principale du passage Pommeraye vient de son dénivelé. En effet, entre les deux entrées principales du passage, la différence de niveau est de 9,40 m. Cette situation pousse les constructeurs à diviser le passage en trois parties sur trois niveaux différents, couverts par des verrières. La multiplication des escaliers et des paliers qui en résulte présente un avantage commercial non négligeable : le nombre de boutiques est multiplié par trois !
- Au niveau inférieur, la "galerie de la Fosse" ouvre sur la rue de la Fosse. Sa verrière, d’une portée de 4,20 m environ, est filante (d’un seul tenant) et autoportante (malgré la présence discrète de minces arceaux, les différents pans de verre et leurs armatures métalliques suffisent à soutenir l’ensemble).
- Au niveau intermédiaire, la "galerie Régnier" est une mezzanine reliée sur son côté nord à la rue du Puits-d’Argent par une galerie latérale. Des arceaux métalliques supportent sa verrière qui est de forte portée (10,20 m).
- Au niveau supérieur, la "galerie Santeuil" ouvre sur la rue Santeuil. Sa verrière est entrecoupée par des arcs de pierre très ornés.
© Simon Texier
© Simon Texier