Les travaux de sécurisation et consolidation
Après l'incendie de Notre-Dame de Paris en 2019, une opération de sécurisation se met en place. Les pompiers ayant maîtrisé l'incendie, plusieurs corps de métiers interviennent immédiatement.
Évacuation des œuvres d’art et dépose des vitraux
Les tableaux, objets d’art et reliques précieuses sont évacués pour éviter qu'ils ne subissent des dommages. Parmi les œuvres, on trouve les "Mays" : grands tableaux offerts à la cathédrale par la corporation des orfèvres au mois de mai durant le 17e siècle. Ces pièces sont transférées au musée du Louvre. Le tapis monumental du chœur, une pièce unique tissée par la manufacture de la Savonnerie entre 1825 et 1833, est déposé et confié au Mobilier national.
Parallèlement, les vitraux de la cathédrale, qui ont échappé aux flammes, sont déposés pour être restaurés par les maîtres-verriers. Dès les jours suivant l'incendie, huit ateliers se mobilisent pour déposer les vitraux des baies hautes de la nef et du chœur. Cependant, les vitraux du transept, difficiles d'accès en raison des débris, nécessitent des opérations supplémentaires. Seuls les panneaux de verre sont déposés : les ferrures et les remplages en pierre, qui sont restés en bon état, sont laissés sur place. Ces éléments structurels contribuent à rigidifier les plexiglas provisoires installés pour boucher les espaces laissés vides par les vitraux déposés.
Une grue à tour de 80 mètres
Une grue à tour de 80 mètres est installée dès le début des travaux de sécurisation. Cette grue, positionnée au sud de la cathédrale, est essentielle pour le levage des premiers éléments d'échafaudages. Sa hauteur impressionnante lui permet de surplomber le chantier et d’accéder aux zones les plus élevées du bâtiment.
Éviter l'effondrement : le cintrage
Suite à l'incendie de Notre-Dame de Paris, l'une des priorités est de sécuriser la structure pour éviter le risque d'effondrement. De mai à novembre 2019, une attention particulière est portée aux arcs-boutants : 28 cintres différents sont spécialement conçus et installés sous ces arcs-boutants. Ces cintres, légèrement différents les uns des autres, ont été insérés latéralement avec une précision extrême. Leur rôle est de maintenir la stabilité des voûtes tout en permettant aux équipes de travailler en toute sécurité sur le site.
La solution de cintrer est aussi utilisée au niveau des voûtes sexpartites : les voûtes endommagées sont renforcées par l'installation de 52 demi-cintres en bois et métal, fabriqués sur mesure. Ces cintres, conçus à Jarny et pesant entre 1 et 1,6 tonne, sont placés avec une précision millimétrique sous les nervures des voûtes du chœur, du transept nord, et de la nef. Un levage à blanc est réalisé préalablement pour valider la méthode d'installation, impliquant l'utilisation de vérins hydrauliques pour positionner les cintres.
Dépose de l’échafaudage sinistré
L'une des opérations les plus complexes et dangereuses est la dépose de l'échafaudage sinistré. Il faut éviter que cet échafaudage ne s'effondre. Cet échafaudage était installé avant l'incendie pour la restauration de la flèche et atteignait une hauteur de 54 mètres, couvrant toute la croisée du transept et les toitures adjacentes. La partie endommagée par le feu mesure 16 mètres de haut.
Avant de procéder au démontage, l'échafaudage est équipé de capteurs pour surveiller en temps réel sa stabilité. Ces capteurs permettent de vérifier la répartition des charges et de mesurer l'intensité des intempéries, évitant ainsi toute surprise durant les opérations de dépose. En parallèle, la structure de l'échafaudage est renforcée. Les angles sont consolidés, et des poutres métalliques sont installées sur trois niveaux successifs pour ceinturer l'ensemble.
Le démontage de cet échafaudage mobilise une équipe pluridisciplinaire. Les échafaudeurs sont à la manœuvre pour concevoir le mode opératoire et découper les éléments métalliques pièce par pièce. À l'aide de scies sabres, ils retirent les tubes de métal calcinés depuis les nacelles. Les parties les plus inaccessibles sont prises en charge par les cordistes, accrochés aux poutrelles. Ils découpent les tubes métalliques fondus, tout en veillant à ne pas déséquilibrer l'ensemble. Chaque élément métallique est attaché au baudrier du cordiste avant d'être découpé pour éviter toute chute. Les grutiers jouent un rôle clé dans l'évacuation des éléments démontés. Pilotant une grue à tour de 74 mètres de haut et trois grues mobiles, ils lèvent et déplacent les 40 000 pièces d'acier pesant au total 200 tonnes. La coordination des moyens de levage est effectuée avec une extrême précision, en prenant en compte les conditions météorologiques pour éviter toute collision ou accident. Les nacellistes assurent la sécurité des échafaudeurs en leur permettant d'accéder aux parties les plus hautes de l'échafaudage. Ils participent au découplage de la structure, une opération délicate qui consiste à désolidariser les pieds de l'échafaudage pour créer quatre ensembles stables et indépendants. Une fois ces dernières opérations achevées, les consoles métalliques qui soutiennent l’ensemble sont déposées, marquant ainsi la fin du démontage de l'échafaudage sinistré.
Mise hors d’eau : le parapluie géant
Les équipes protègent de la cathédrale des intempéries. Un "parapluie" géant est installé pour couvrir la croisée du transept et sécuriser les naissances des voûtes. Pour ce faire, des poutres ont été acheminées de toute l'Europe, afin de constituer une structure temporaire capable de protéger les voûtes des pluies et autres éléments climatiques.
En même temps, les voûtes sont nettoyées et aspirées, permettant aux architectes en chef des monuments historiques de procéder à un diagnostic détaillé en vue des travaux de restauration à venir. L'installation de ce parapluie est indispensable pour protéger la structure, mais aussi pour permettre la poursuite des opérations de restauration dans des conditions optimales.
Construction de la cathédrale de fer
Une structure en échafaudages de plus de 1 300 tonnes est érigée à l'intérieur de la cathédrale pour permettre aux ouvriers de travailler en hauteur en toute sécurité, sans harnais. Cette cathédrale de fer, mesurant 35 mètres de haut, facilite les travaux de restauration des voûtes et prépare la reconstruction de la flèche. Des ascenseurs temporaires sont installés pour faciliter la mobilité des ouvriers.
Dépose de l’orgue
L'orgue de la tribune de Notre-Dame, le plus grand instrument de France, est démonté. Il n'a pas été incendié et n'a reçu que peu d'eau lors de l'intervention des pompiers. Cependant, il est recouvert de poussière de plomb et abimé par les variations thermiques. Certaines parties, telles que le buffet et les tuyaux de façade, restent sur place, tandis que les autres éléments (claviers, tuyaux...) partent dans des ateliers pour être restaurés.