Focus
À la fenêtre
La fenêtre comme cadre
Que fait le maçon quand il ouvre une baie dans un mur, et le menuisier quand il la clôt d’une menuiserie ? Bien plus que créer une simple ouverture pour faire entrer à sa guise l’air et la lumière. Source de lumière, lieu de transition entre l’intérieur et l’extérieur, la fenêtre est aussi un cadre qui découpe un fragment de réel pour mieux le mettre en scène.
Rien d’étonnant si les artistes utilisent abondamment le thème de la fenêtre dans leurs œuvres. Ici, la fenêtre dessine comme un tableau dans le tableau. L’œil du spectateur est, comme celui du chat, attiré par la portion de paysage contenu dans le cadre de la fenêtre, avec vue sur le mont Fuji.
La fenêtre comme mise en valeur
Mais le cadre peut être inversé. La fenêtre cadre non plus le paysage, mais les spectateurs qui s’y accoudent, faisant d’eux le sujet du tableau. Sans la fenêtre, les deux femmes ne seraient pas ainsi mises en valeur dans ce dessin.
La fenêtre comme fermeture
La fenêtre joue le rôle de frontière entre le dedans et le dehors. Traditionnellement, et encore au 19e siècle, on considère que le domaine des femmes relève de l’intérieur de la maison, tandis que les hommes mènent leurs affaires ou travaillent à l’extérieur.
Ce n’est donc pas par hasard si ce sont des femmes que les artistes ont le plus souvent représentées à leur fenêtre. Mais ici, la fenêtre est fermée, l’extérieur est invisible et semble inaccessible. La fenêtre est une barrière.
La fenêtre comme ouverture vers l’ailleurs
Ici, à l’inverse, la jeune femme est à la fenêtre du rez-de-chaussée, mais elle se tient à l’extérieur. Y aurait-il un rapport avec le livre qu’elle tient à la main et qui lui a permis de s’évader ? Ne parle-t-on pas d’une "fenêtre ouverte sur les rêves" ou sur l’imaginaire ?
La fenêtre comme porte d’accès à la connaissance
Dans cet autoportrait gravé dont il existe cinq états successifs, le peintre Rembrandt se représente à côté d’une fenêtre. Il ne sourit pas, ni ne cherche à se mettre en valeur. Mais l’éclairage latéral donne tout son relief à ce portrait. La lumière qui arrive de sa droite a aussi une forte valeur symbolique, renforcée par la présence des livres. Elle éclaire, éloigne les zones d’ombre : c’est une métaphore du savoir et de la connaissance.