L’art du pinceau en chine : peinture et calligraphie

Les dix défenses du bhiksu
Ce précieux manuscrit pourrait dater du tout début du 5e siècle. Un nombre infime de rouleaux de soie de cette époque est parvenu jusqu’à nos jours.
Le rouleau incomplet en son début mesure néanmoins plus de 3, 50 mètres. Il est constitué de deux lés de soie cousus ensemble, puis roulés comme il était déjà d’usage en Chine préimpériale. La soie en a été teintée dans une couleur jaune-orangée. Le rouleau a conservé le bâton fixé à l’extrémité pour en faciliter l’enroulement, ici une tige de bois de 30 centimètres laquée en rouge. L’encre, que les Chinois ont su fabriquer très tôt, de qualité exceptionnelle, a conservé intacte l’intensité de son noir profond. De petits cercles à l’encre rouge signalent les paragraphes.
Ce texte appartient à la troisième division du Canon bouddhique ; il traite de la discipline monastique.
© BnF
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« L’unique Trait de Pinceau est l’origine de toutes choses, la racine de tous les phénomènes », écrivait le moine Shitao (1641-c. 1720).
Définir la Chine comme un empire du trait, c’est souligner le rôle fondamental et unificateur de la technique du tracé au pinceau et à l’encre et son emprise sur le domaine de l’art. La Chine possède la plus longue tradition d’un mode d’écriture inchangé depuis la plus haute antiquité. Elle place à l’échelon le plus élevé de la hiérarchie artistique l’art non figuratif de la calligraphie. Cet art, qui a connu une riche évolution stylistique, s’inscrit dans trois traditions issues de la pratique bouddhique, de la culture aristocratique des cours du Sud, et du taoïsme mystique.
La copie n’est jamais une activité anodine : sur le plan religieux, elle est une offrande qui doit répondre à des règles strictes après une période de purification ; sur le plan culturel, elle est un vecteur de civilisation. Comme acte esthétique, elle marque une piété respectueuse des maîtres du passé érigés en modèles.