Les tailleurs de pierre

Tailleurs de pierre et maçons
Dans leur grande majorité, les tailleurs de pierre sont des hommes libres et sans attaches, recrutés selon leurs capacités par le maître d’œuvre ou le maître maçon qui dirige le chantier. Ils tendent à former une aristocratie du bâtiment à la fin du Moyen Âge et entrent parfois en conflit avec les maçons qui, selon eux, posent la pierre, d’où leurs noms de coucheurs ou d’asseyeurs, du mot assise qui signifie lit de pierres. Au début du 15e siècle, il n’est pas rare que ceux qui taillent la pierre soient davantage payés que ceux qui la posent, les maçons. Deux formes de rétribution sont attestées pour ce corps de métier : soit une somme forfaitaire pour un travail dit à la tâche ou bien un salaire dit à la journée ou à la semaine. À cela s’ajoutent souvent des avantages détaillés dans les livres de compte, tels que des rations supplémentaires de vin, de nourriture et même de bois de chauffage, surtout si l’ouvrier doit demeurer un certain temps sur le chantier.
© BnF
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Les motifs sculptés sur les façades et surtout les portails de Notre-Dame montrent une évolution dans l’art du tailleur de pierre. Peu à peu, la sculpture se détache du mur, on passe du bas-relief à la statue, tandis que les poses deviennent moins rigides. C’est à la cathédrale de Reims que ces figures sculptées atteindront leur plus haut degré de perfection.
Un savoir-faire très demandé
Les tailleurs de pierre sont des artisans très sollicités. Des comptes de chantier montrent qu’ils sont souvent mieux payés que les maçons. Les tailleurs de pierre utilisent généralement la technique de la taille directe. Ils se servent de dessins et de maquettes préparatoires pour réaliser les pierres et sculptures directement dans les blocs de pierre. En cas d’erreur, la pierre est inutilisable et il faut en changer. Parfois, des retailles sont possibles : le matériau est cher, il faut donc éviter au maximum de gâcher.
Dans un premier temps, une maquette est dessinée ou sculptée dans l’argile, le bois, ou parfois du plâtre. La fragilité de ces modèles n’a pas permis leur conservation jusqu’à notre époque. Ensuite, la pierre est débitée et équarrie, c’est-à-dire taillée dans la forme géométrique voulue. L’étape suivante, l’épannelage, consiste à dégrossir pan par pan afin de dégager la forme générale. Enfin, on procède à la dernière taille, fine et précise.