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Focus

La tour de Babel de Pieter Brueghel l'Ancien

La tour de Babel
La tour de Babel |

© Kunsthistorisches Museum, Vienne (Autriche)

Vers 1563, le peintre flamand Pieter Brueghel l'Ancien peint le chantier de la tour de Babel. L'édifice est situé dans un paysage flamand bien plus que mésopotamien. Il reprend, dans son mouvement en spirale, les représentations antérieures de la tour de Babel, mais rappelle aussi le Colisée de Rome, évocateur de la chute de l'Empire romain. L'axe légèrement oblique de la tour semble lui aussi annoncer le destin de l'édifice.

Ce tableau constitue également un document exceptionnel sur le travail des artisans de l'époque : Brueghel montre en détail les différentes étapes du chantier, les machines, les matériaux et les hommes au travail.

Le roi Nemrod. Au premier plan, un groupe d'hommes s'agenouille devant le roi Nemrod, arrière-petit-fils de Noé, qui a commandé la construction de la tour.

Les tailleurs de pierre et les manœuvres. Non loin du roi et pourtant comme indifférents à sa venue, des tailleurs de pierre et des manœuvres manipulent et taillent les lourds blocs de pierre qui seront ensuite acheminés vers le chantier.

Le transport par radeau. Brueghel prête un soin extrême aux détails du chantier. Il représente les différents moyens de transport des matériaux. Ici un radeau sur le fleuve.

Le transport à dos d'homme. Certaines pierres sont transportées à dos d'homme.

Des charrettes tirées par des ânes. Les charges les plus lourdes sont amenées au pied des murailles par des ânes tirant les charrettes.

Des nuages menaçants. Brueghel dépeint une scène presque quotidienne dans son souci du détail. Mais chacun connaît le destin de la tour, préfiguré par les nuages qui s'amoncellent dans le ciel. Et surtout, la tour atteint déjà les nuages, signe que les hommes sont allés trop loin, et que la punition divine est proche.

Les machines de chantier. Brueghel dépeint la construction de la tour comme un chantier de son époque (la Renaissance). Il représente avec un soin extrême les machines utilisées par les artisans du chantier : des palans et les grues à cage écureuil, actionnées par des hommes.

Les loges des corporations et les cabanes de chantier. On distingue à plusieurs niveaux, accrochées à la muraille, des constructions provisoires qui abritent les différentes corporations d'artisans (les "loges"). Brueghel a certainement eu l'occasion d'en voir de semblables sur les chantiers de son époque.

Les échafaudages et les cintres. On distingue les artisans en train de travailler sur les échafaudages en bois et les cintres (armatures en bois) permettant de construire les voûtes en plein cintre de la tour.

La brique. Comme la ziggurat de Babylone, la tour de Brueghel est faite (partiellement) de briques. On reconnaît ce matériau à sa couleur rouge, dans la partie supérieure de la tour, qui doit être ensuite recouverte de pierre. Les stocks de briques pour le chantier sont entreposés en contrebas, sur la rive du fleuve.

Une évocation du Colisée de Rome. Avec ses galeries superposées et ses corridors intérieurs, la tour imaginaire de Brueghel rappelle le Colisée de Rome. Ce lieu dédié aux jeux du cirque, et où les premiers chrétiens ont été suppliciés, est considéré alors comme un symbole de la décadence romaine.

Une architecture fantaisiste. La tour cache tout un réseau de galeries complexes, qui ne semblent pas avoir de réelle destination. L'ensemble semble peu stable, car Brueghel a choisi un axe légèrement oblique. La tour est de guingois, comme fragilisée. Son échec est déjà annoncé dans la peinture.

Des soubassements déjà en ruine. Au pied de la tour, des éléments architecturaux sont inachevés ou déjà en ruine. Brueghel annonce ainsi le destin de la tour, qui ne sera jamais achevée.

La ville. La cité qui s'étend à gauche de la tour n'a rien à voir avec Babylone. Brueghel la peint clairement comme une ville flamande, cernée par des remparts et ponctuée de pignons en brique. Elle semble noyée dans la brume, et pourtant on distingue nettement chaque fenêtre, chaque cheminée. Ses couleurs bleutées contrastent avec le rouge de la tour de Babel.