Cette première image représente un jardin de style persan avec un bassin central et des canaux qui délimitent en quatre parties les massifs de verdure ornés d’arbustes fleuris. Sur la page qui lui fait face débute le poème surmonté d’un frontispice enluminé. Ce petit et très raffiné Hal-nama ("Livre de l’Extase"), du poète persan Arifi de Hérat, a été calligraphié par Abd-ullah à la demande du prince Salim, futur empereur Jahangir (régnant 1 605-1627). En conflit avec son père l’empereur Akbar (régnant en 1 556-1605), le prince Salim s’était installé à Allahabad. Grand amateur d’art, Sultan Salim s’était entouré des meilleurs artistes de son temps qui firent d’Allahabad un centre prestigieux de l’art pictural moghol. Le peintre qui illustra ce Hal-nama reste inconnu.
Au 7e siècle, le prophète Mahomet et ses disciples définissent le plan du cosmos qui engendre l'image du Paradis. Le monde apparaît comme un cercle divisé en quatre quartiers. Au centre un bassin et une source de vie ; cette figure de l'oasis cosmique inspire le jardin islamique. Le jardin du Taj Mahal reprend ce plan traditionnel à l'image du Paradis : deux canaux en marbre scandés de fontaines et bordés de cyprès partent du bassin cruciforme surélevé situé au centre du jardin, le partageant ainsi en quatre carrés égaux.