Focus
Henri Labrouste, un architecte majeur
Henri Labrouste réalise en 1838 son premier chantier important, la bibliothèque Sainte-Geneviève, qui fait date dans l’histoire des établissements culturels. Dès ce premier chantier, Labrouste développe sa méthode : surveillant au plus près le travail de chacun, entrepreneurs ou artisans, dessinant pratiquement chaque élément de sa main, jusqu’au moindre détail, ne considérant rien comme négligeable ou secondaire. Si Labrouste subit des critiques pour cette œuvre novatrice, qui met le fer et la fonte à l'honneur, elle lui apporte aussi la reconnaissance : en 1854, il est chargé de la Bibliothèque impériale.

Henri Labrouste par Ingres
Né à Paris le 11 mai 1801, Pierre François Henri Labrouste entre en 1819 à l’École des beaux-arts. Prix de Rome en 1824, il reste en Italie jusqu’en 1830 et se fait déjà remarquer par ses envois à l’Académie sur les temples de Paestum. Dès son retour à Paris il ouvre son atelier à côté de l’École des beaux-arts. Son premier poste est celui d’inspecteur pour son ami Félix Duban, chargé de la construction de l’École des beaux-arts. Il travaille également avec son frère Théodore pour le pont de la Concorde, participe à plusieurs concours, et c’est en 1838 que lui est confié son premier chantier important, la bibliothèque Sainte-Geneviève. Il réalise de 1844 à 1850 un bâtiment qui fait date dans l’histoire des bibliothèques, avec ses deux nefs jumelles aux couvrements supportés par des arcs de fonte, sa longue façade simplement ornée de 810 noms d’hommes illustres, sa symbolique discrète, et surtout sa parfaite adaptation à sa fonction. Dès ce premier chantier on voit l’architecte au travail, on découvre les méthodes qu’il devait mettre plus tard en pratique à la Bibliothèque impériale, surveillant au plus près le travail de chacun, entrepreneurs ou artisans, dessinant pratiquement tout de sa main, jusqu’au moindre détail, ne considérant rien comme négligeable ou secondaire. L’œuvre est trop forte pour faire l’objet d’une reconnaissance unanime, la critique ne l’épargne pas, mais la reconnaissance vient aussi : il est nommé en 1848 membre de plusieurs commissions (monuments historiques, édifices religieux, manufactures nationales), et devient en 1849 vice-président de la Société centrale des architectes. Enfin, en cette seule année 1854, il est chargé à la fois du séminaire de Rennes et de la Bibliothèque impériale.
© Bibliothèque nationale de France
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Elévation et plan d’un calorifère
Henri Labrouste voit la conception d’un bâtiment comme un tout. Il dessine et supervise les plans, de la structure à la décoration en céramique des coupoles.
Mais il va beaucoup plus loin et s’attache aussi aux plus petits détails. Pour la salle Labrouste, il va jusqu’à dessiner les tables des lecteurs, les chaises, les bibliothèques murales, la porte à tambour de l’entrée. Il conçoit aussi le grand calorifère en fonte qui chauffe la salle, et se prolonge, sous les tables, par des appuie-pieds chauffants, pour le plus grand confort des lecteurs en hiver !
© Bibliothèque nationale de France
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