La Fée Électricité de Raoul Dufy

La Fée Électricité de Raoul Dufy est réalisée, en 10 mois, pour l’Exposition internationale des arts et techniques de 1937. Ce tableau, l’un des plus grands du monde, est composé de 250 panneaux de contreplaqué de 2 m sur 1, 20 m soit une surface totale de 624 m². Il retrace l’histoire de l’électricité de l’Antiquité au 20^e siècle, à travers 110 personnages, scientifiques, inventeurs ou industriels, mais aussi les principales applications de l’électricité.
La Fée Électricité est exposée aujourd’hui au musée d’Art moderne de la Ville de Paris.

La partie basse du tableau met à l'honneur les grandes figures de l'électricité. En bas à gauche, ce sont les inventeurs et industriels des 19^e et 20^e siècles qui sont à l'honneur.

Sur la partie inférieure droite de la composition figurent les premiers savants et inventeurs qui se sont intéressés à l'électricité à partir de l'Antiquité.

En 1831, Michael Faraday découvre l’induction et réalise un appareil faisant tourner un petit objet avec de l'électricité, ancêtre des moteurs électriques.

En 1867, Zénobe Gramme est l'inventeur d'un dispositif en forme d'anneau (l'anneau de Gramme) qui permet de résoudre les problèmes de pertes de puissance des premiers moteurs électriques.

Inventeur du langage qui porte son nom, Samuel Morse est aussi l'inventeur du télégraphe électrique en 1838.

En  1725,  grâce à une  pointe reliée à un fil descendant jusqu’au sol, Franklin conçoit le paratonnerre. Dans un premier temps, son invention inquiète mais elle ne tarde pas à se répandre sur toutes les toitures.

En 1896, les découvertes d'Henri Becquerel, puis de Pierre et Marie Curie sur la radioactivité, préfigurent les applications nucléaires du siècle suivant.

En 1820, André-Marie Ampère travaille sur l'électrodynamique et l'électromagnétisme. Depuis 1881, le nom d’Ampère désigne l’unité d’intensité.

En 1826, le physicien allemand Ohm formule une loi qui permet de calculer la résistance des matériaux à l’électricité. 

En 1799, Volta invente la première pile électrique, qui se présente alors sous la forme d'une colonne de disques de zinc et de cuivre empilés.

James Watt améliore le dispositif de la machine à vapeur. À partir de la fin du 18^e siècle, la vapeur est la principale source d'énergie, remplacée par l'électricité à la fin du siècle suivant.

Au centre de la composition, les dieux de l’Olympe rappellent la fascination de Dufy pour l'Antiquité et la mythologie.

Zeus, le bras levé, lance la foudre du haut du tableau. Ce faisceau d'éclairs se trouve au centre exact de la composition et relie le monde des dieux en haut à celui des hommes et de la technologie en bas.

On reconnaît Hermès à son chapeau et à ses sandales pourvues de petites ailes. Il assure la transition entre le monde des dieux anciens et le monde moderne à gauche.

Alimentée par la foudre de Zeus, la centrale électrique de Vitry-sur-Seine est alors la plus puissante centrale de France. On y distingue un ouvrier habillé de bleu, de toute petite taille, qui permet d'imaginer la taille gigantesque de l'usine.

Dans la partie supérieure droite, le tableau montre le monde tel qu'il était avant le développement de l'électricité. Les dominantes sont vertes pour évoquer la nature et les travaux des champs.

Dans la partie supérieure gauche, le tableau montre les applications de l'électricité, et évoque la manière dont cette découverte a amélioré la vie des hommes.

Dans la partie supérieure, Raoul Dufy peint une locomotive qui fonctionne encore à la vapeur et non à l'électricité. Mais, depuis les peintres impressionnistes, la gare et les trains restent l'un des grands symboles de la modernité.

Pour La Fée Électricité, Dufy travaille avec un chimiste afin d'obtenir une peinture à l'huile très légère. Appliquée en couches successives, elle donne l'illusion de la gouache ou de l'aquarelle.

La grande grue de l'arsenal de Brest et le paquebot Normandie, qui est alors le plus grand bateau du monde, fascinent Dufy, et lui apparaissent comme de parfaits sujets de peinture.

Raoul Dufy affectionne les couleurs très vives, ce que les critiques lui reprocheront souvent. Ce goût pour des teintes qualifiées de "fauves" (rousses) donne naissance au terme de "fauvisme", qui qualifie le mouvement des peintres qui emploient ces couleurs.