Le Palais-Royal : entre contestation et divertissement
Situé en plein cœur de Paris, conçu comme un "village dans la ville" avec ses propres règles, le Palais-Royal est, avant même 1789, un lieu de contestation où les journaux et les gazettes satiriques circulent, et où se préparent les événements révolutionnaires. Il est aussi le théâtre de la plupart des insurrections qui secouent Paris au 19e siècle.
Ce lieu de libre parole et de tolérance est également un espace de divertissements et de plaisirs, où les flâneurs côtoient les joueurs et les prostituées. Ce palais bouillonnant s’endort peu à peu au 19e siècle. Au X20e siècle, il devient le siège de diverses institutions publiques. En 1985, la polémique se réveille avec l’installation d’une œuvre d’art contemporain, les célèbres colonnes de Daniel Buren. L’esprit du Palais-Royal règne toujours….
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Le Palais-Royal, un village dans la ville
Cette situation favorise la multiplication des cercles, des maisons de jeux et de la prostitution. Artistes, savants et hommes politiques se retrouvent dans les cafés et lisent journaux et publications satiriques sous ses arcades. Le Palais-Royal devient un véritable forum où se préparent les événements révolutionnaires.
Le Palais-Royal et la Révolution française
Lecture des ordonnances royales limitant la liberté de la presse au jardin du Palais-Royal
Le 25 juillet 1830, le roi Charles X signe quatre ordonnances destinées à durcir le régime. La première réduit la liberté de la presse en exigeant une autorisation préalable avant toute publication. Ce coup de force du roi provoque les trois journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet, les “Trois Glorieuses”.
Dans le Palais-Royal où elle est lue collectivement, l’ordonnance déclenche l’indignation, malgré la présence d’une patrouille de gendarmes à bicorne.
La pratique de la lecture publique est une tradition dans les jardins du Palais-Royal car les journaux (ou gazettes) sont encore peu diffusés. Tandis que les crieurs publics en clament les gros titres dans les rues, les amateurs d’informations se retrouvent en des lieux précis pour lire et commenter ensemble les nouvelles. À Paris, c’est au jardin du Luxembourg, aux Tuileries ou au Palais-Royal que ces “nouvellistes” se rassemblent.
© Bibliothèque nationale de France
Les "Trois glorieuses" de 1830 au Palais-Royal
Les premières émeutes éclatent le 27 juillet aux alentours du Palais-Royal pour s’étendre à toute la capitale, faisant de nombreuses victimes.
Louis-Philippe d’Orléans, cousin du roi, devient Louis-Philippe Ier. À son arrivée à Paris, c’est tout d’abord au Palais-Royal qu’il se rend.
"Le patrouillotisme chassant le patriotisme au Palais-Royal"
La révolution de 1848
L’estampe célèbre la victoire des insurgés qui avaient élevé des barricades à proximité du Palais-Royal : "Une barricade avait été rapidement élevée au coin de la rue de Valois. Le peuple investit le poste du château d’eau. Quelques coups de feu partirent et la fusillade fut engagée avec acharnement ; hommes du peuple, gardes nationaux, jusqu’à des enfants même, tous ceux qui ont pu se procurer de la poudre et des balles jouent leur vie dans cette lutte terrible. Le combat dura deux heures. Enfin le poste fut emporté après une suite d’épisodes glorieux."
Un lieu de divertissement
Foyer révolutionnaire, le Palais-Royal est aussi un haut lieu de divertissement. Les constructions successives d’espaces consacrés aux jeux ou au commerce attirent une foule d’oisifs, flâneurs, joueurs ou prostituées.
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Promenade du jardin du Palais Royal
Des galeries animées
Les galeries de pierre aménagées par Victor Louis dès 1 786 abritent des logements, boutiques, théâtres et cafés, répartis sur trois ailes. Certains cafés abrités sous les galeries deviennent le lieu favori de rencontres des futurs révolutionnaires. Ainsi le café Corazza, créé en 1 787, deviendra le futur quartier général des Jacobins.
Le dessin montre la galerie Montpensier et une partie des jardins.
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Des galeries animées
Conçu par Victor Louis dès 1786, l’ensemble s’ouvre sur les parterres du jardin par une galerie continue de 180 arcades. Cet espace abrité peut être vu comme l’ancêtre des galeries marchandes du 19e siècle.
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Courses de chevaux et spectacles dans le nouveau cirque du Palais-Royal
Le cirque du Palais-Royal est construit en 1787 par Victor Louis à la demande du duc d’Orléans. C’est un bâtiment de 112 m de long et 32 m de large, relativement bas et partiellement enterré de manière à ne pas gêner la vue sur les galeries du Palais-Royal. Couvert d’une verrière, il est destiné à accueillir des courses de chevaux et des spectacles.
Le cirque abrite 40 boutiques complètement enterrées, qui préfigurent les centres commerciaux actuels. Il est détruit par un incendie fin 1798.
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Un lieu de promenade et de jeux
Un lieu de commerce
Un haut lieu de la prostitution
Un haut lieu de la prostitution
Un lieu de spectacle
Le bâtiment est ravagé par deux incendies, en 1673 et en 1781. C’est à la suite de ce dernier que Philippe Égalité confie à Victor Louis la construction d’une nouvelle salle, l’actuelle Comédie-Française. Le Palais-Royal possède aussi une seconde salle de spectacle : le théâtre du Palais-Royal, qui existe toujours aujourd’hui.
La machine à gauche est un “mat de charge” destiné au levage.
Le Palais-Royal du 19e siècle
Au 19e siècle, Louis-Philippe réglemente la prostitution et interdit les salles de jeux. Privées de clientèle, les boutiques du Palais-Royal sont peu à peu délaissées au profit des grands boulevards créés par les percées haussmanniennes. Il devient un lieu de promenade et de jeux paisibles, appréciés des enfants.
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Les colonnes de Buren au Palais-Royal
S’étonnant qu’on installe une œuvre contemporaine dans un bâtiment historique, certains y voient un anachronisme choquant. Pourtant, ces 260 colonnes de hauteur différente, en marbre blanc zébré de noir, placent le site dans la continuité de l’architecture de l’Antiquité, et renvoient aux sources d’inspiration des colonnades de Victor Louis.
Plus qu’un anachronisme, voire un scandale, ne faut-il pas lire l’œuvre de Daniel Buren comme une mise en évidence des liens qui se tissent entre constructions de différentes époques ?
- Direction éditoriale
Françoise Juhel, Éditions multimédias, BnF
Édition
Nathalie Ryser, Pierre-Emmanuel Jouanneau, Éditions multimédias, BnF
Traitement iconographique
Gisèle Nedjar, Éditions multimédias, BnF
Fichiers numériques réalisés par le département Reproduction de la BnF
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