Des moyens modernes au service d'un style neuf : le néogothique

Du gothique au néogothique : la fortune du gothique au 19e siècle
Le romantisme qui se développe en France au début du 19e siècle contribue au renouveau de l’intérêt pour l’architecture gothique. En 1830, Victor Hugo publie son roman Notre-Dame de Paris dont la cathédrale est non seulement le décor mais aussi le personnage principal.
Le regard porté sur les monuments historiques change progressivement et devient plus respectueux. La Monarchie de Juillet, établie en 1830, lance un grand programme de restauration des monuments médiévaux, qui sera poursuivi par le Second Empire. En 1837, l’écrivain et historien Prosper Mérimée devient Secrétaire de la commission des Monuments historiques. Il charge l’architecte Eugène Viollet-le-Duc de la restauration de nombreux édifices religieux comme l’abbatiale de Vézelay, l’abbaye du mont Saint-Michel, la cathédrale Notre-Dame de Paris ou Saint-Sernin à Toulouse, ou civils comme le château de Pierrefonds.
Mais les interventions deViollet-le-Duc s’apparentent parfois davantage à une "réinterprétation" qu’à une restauration au sens actuel. À Saint-Sernin de Toulouse, elles sont jugées excessives et peu conformes à l’état antérieur du bâtiment. Fait exceptionnel, à partir de 1979, les Monuments historiques entreprennent la "dé-restauration" de Saint-Sernin !
Le courant néogothique est également à l’initiative de la construction de nombreux édifices dans le style gothique comme la basilique Sainte-Clothilde à Paris (1846-1857) ou la basilique de l’Immaculée-Conception de Lourdes (1866-1871).
© Bibliothèque nationale de France
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Viollet-le-Duc ambitionne de retrouver l’atmosphère d’un château du Moyen Âge, mais avec des moyens modernes.
Avec le style néogothique, il ne se contente pas de "refaire" du gothique. Il souhaite créer un style neuf, qui allie le meilleur du gothique aux progrès des techniques les plus récentes.
Par exemple, contrairement aux constructions du Moyen Âge, les façades extérieures ne donnent pas une idée de l’agencement intérieur. Grâce à une structure métallique cachée dans la maçonnerie, Viollet-le-Duc peut modeler à sa guise les différents étages, leurs voûtes et leurs cloisons.

Ornements du toit en plomb repoussé
Même s’il est la plupart du temps caché, le métal, matériau du 19e siècle en matière de construction, est partout à Pierrefonds.
Des métaux de différentes natures sont utilisés : le fer pour les structures et la charpente, le plomb pour les chéneaux, les descentes des eaux, les décorations de couverture, le cuivre pour les paratonnerres, l’étain pour les soudures...
Sur les toits, des girouettes, des bannières et des poinçons métalliques ont un rôle décoratif, mais font aussi office de paratonnerre. Dessinés par Viollet-le-Duc, ils sont réalisés par les couvreurs et les plombiers d’art.
© e-rara.ch
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