Le jeu de paume : gloire, déclin et transformation des bâtiments
On ne peut parler de sport (qui vient du vieux français "deport" au sens de "plaisir, divertissement") avant le 19e siècle, mais plutôt de jeu, d’exercice physique ou d’exercice d’hygiène salutaire.

Gentilhomme jouant à la paume
Ce gentilhomme joue à la paume sous le règne d'Henri III.
De nombreux souverains apprécient le jeu de paume : François Ier, Henri II, Charles IX, Henri IV...
Henri II "jouait à la paume et très bien. Il se plaisait fort quand la Reine sa femme, madame sa sœur et les dames le venaient voir jouer". Charles IX "aime passionnément le jeu de paume" d'après l’ambassadeur de Venise en 1561. Henri IV est, quant à lui, "fourré à la salle de paume".
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque nationale de France
Le jeu de paume est pratiqué dès l’Antiquité tardive. À partir du 14e siècle et pendant quatre siècles, il connaît un immense succès populaire en France et en Europe. Sous Henri IV, Paris compte plus de 250 salles de jeu de paume. Le peuple et le roi adorent la paume, qui suscite de très nombreux paris.
La passion pour la paume est telle qu’elle fait l’objet de réglementations, pas toujours respectées : interdiction de jouer en dehors du dimanche, contrôle des paris, fermetures administratives…
Les salles, appelées aussi tripots, sont souvent détournées de leurs fonctions originelles pour devenir des lieux d'argent, de rencontres, voire de prostitution...
Le terme "tripot" est d’ailleurs désormais compris comme un endroit mal famé.
Le déclin du jeu de paume
À Versailles, Louis XIV, atteint de la goutte, préfère jouer au billard qu’à la paume : la cour suit cette préférence.

Louis XIV jouant au billard
Cette estampe du 17e siècle, nommée "Troisième appartement", représente Louis XIV en train de jouer au billard avec des proches et des nobles. Le roi organise des soirées à Versailles autour de la table de jeu. Il préfère jouer au billard plutôt qu'au jeu de paume.
© CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris
© CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Le prix du foncier en ville devient de plus en plus élevé et rares sont ceux qui peuvent se permettre d’acheter de grands terrains pour jouer avec seulement quelques amis. La noblesse pratique toujours la paume, mais plutôt comme un entraînement physique régulier en prévision de campagnes militaires. En 1789, il ne reste qu'une douzaine de salles à Paris.
Les transformations des terrains de jeu de paume
Le changement rapide d’affectation de la salle des Tuileries n’est pas un fait nouveau pour ce type d’architecture, qui présente les avantages d’un grand volume largement éclairé par des baies latérales.
Des assemblées nombreuses peuvent s’y réunir, avec parfois l’aménagement de balcons, de podiums ou d'estrades. Mais le phénomène le plus intéressant est sans doute l’invention du théâtre à la française.
Au 17e siècle, alors qu'il n'existe pas en France d'architecture spécifique au théâtre, Molière et sa troupe, L’Illustre Théâtre, cherchent des lieux clos pour se produire dans de meilleures conditions.

Le Malade imaginaire
Le Malade imaginaire est la dernière œuvre dramatique écrite par Molière. Elle a été créée en 1673. La légende raconte que Molière serait mort sur scène en jouant cette pièce, il n'en est rien. Les médecins l'emmènent chez lui où il décède entouré de sa femme et quelques autres personnes.
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque nationale de France
Les salles de jeu de paume s’y prêtent parfaitement : un parterre avec sièges, ou non selon le prix du billet, des galeries pour les plus fortunés, une estrade surélevée par des tréteaux pour les artistes, de l'espace pour construire, stocker et manipuler les décors : c’est ainsi que naît le théâtre à la française.
Les salles investies par la troupe sont les suivantes : les Métayers, la Croix noire, la Croix blanche… La liste est longue, mais elle montre bien que l’architecture théâtrale prend naissance dans les salles de jeu de paume.