Le jardin et ses habitants

Le site François-Mitterrand de la BnF abrite en son cœur un vaste jardin clos de 10 600 m². L’architecte Dominique Perrault l’a imaginé comme un véritable "morceau de forêt", inspiré des cloîtres médiévaux, afin de créer un environnement propice au travail et à la méditation. Ce jardin est creusé à une profondeur de 2,50 à 3 mètres dans la roche calcaire, recouverte d'une épaisse couche de terre forestière (de 2 à 5 mètres), qui forme un léger relief vallonné.

Des espèces en évolution constante

Le jardin du site François Mitterrand à l’automne
Le jardin du site François Mitterrand à l’automne |

© Béatrice Lucchese / BnF

Chèvres dans le jardin forêt de la BnF
Chèvres dans le jardin forêt de la BnF |

© Béatrice Lucchese / BnF

À l'origine, le jardin comptait 126 pins sylvestres adultes, transplantés de la forêt de Bord, en Normandie. D’autres arbres provenant de pépinières, comme des pins, chênes, charmes et bouleaux, ont été ajoutés, portant le total à 270 arbres. Des plantes de sous-bois, telles que des fougères, bruyères, anémones, jacinthes et géraniums, ont également été plantées pour enrichir la diversité végétale du site.

Cependant, le 26 décembre 1999, la tempête Lothar, avec des vents atteignant 180 km/h, a causé des dégâts considérables en arrachant 35 pins sylvestres. Dix autres arbres sont morts dans les dix années suivantes. L’architecte Dominique Perrault, consulté après la tempête, a recommandé de ne pas replanter les arbres perdus, laissant la nature suivre son cours.

Peu à peu, de nouvelles espèces végétales ont commencé à coloniser le jardin, apportées par le vent et les oiseaux. Des arbres tels que les merisiers et les sureaux, ainsi que des plantes comme la cardamine, le lychnis et le bugle, ont trouvé leur place. Les ronciers et le lierre ont également gagné du terrain. Les fougères aigles, initialement plantées, sont désormais en concurrence avec ces nouvelles espèces, tandis que le lierre, particulièrement apprécié des oiseaux pour ses fruits, a colonisé la moitié des surfaces enherbées. En 2018, pour gérer les espèces invasives, un entretien par éco-pâturage avec des chèvres des fossés a été mis en place, un moyen naturel de préserver la diversité des zones herbeuses.

Recenser scientifiquement la flore et la faune

Entre 2009 et 2013, une équipe de spécialistes du Muséum national d’histoire naturelle a mené un inventaire des espèces présentes dans le jardin. Leurs résultats sont les suivants :

  • Flore : 60 espèces de plantes recensées, dont 47 sont indigènes, avec une espèce protégée (le polystic à aiguillons). Quatre espèces exotiques sont considérées comme invasives : le fraisier de Duchesne, le robinier faux-acacia, la vergerette du Canada et le raisin d’Amérique.
  • Araignées : 20 espèces d’araignées réparties en 11 familles, sur les 40 espèces recensées en France.
  • Gastéropodes : 13 espèces, probablement introduites avec la terre apportée pour le jardin.
  • Carabes et fourmis : 2 espèces de coléoptères carabiques, ainsi que 12 espèces de staphylins et 4 espèces de fourmis.
  • Chauves-souris : Présence de la pipistrelle commune.
  • Papillons : 8 espèces de papillons, dont 2 nocturnes.
  • Oiseaux : 13 espèces d’oiseaux, dont un couple d’éperviers d’Europe qui a donné naissance à deux petits en 2011.