La charpente et sa reconstruction
On a donné à la charpente de Notre-Dame de Paris un nom qui évoque bien la quantité de poutres nécessaires à sa construction : la forêt.
Avant l'incendie qui l'a détruite en 2019, cette charpente possédait des dimensions exceptionnelles : 100 m de long sur 13 m de large dans la nef, 40 m dans le transept, avec une hauteur de 10 m. Sa pente, conçue pour les voûtes sur croisée d’ogives, était raide : 55 degrés.
La construction de la charpente a nécessité une quantité de bois énorme. Au total, 21 hectares de chêne ont été nécessaires pour la construire. Certaines poutres, provenant d’arbres abattus vers 1160-1170, faisaient toujours partie de l’édifice en 2019.
Techniques de construction
Lors de la construction de Notre-Dame, la charpente est assemblée progressivement. Les charpentiers montent d’abord séparément les fermes en respectant les plans du maître charpentier. Puis les différents éléments sont assemblés au sol, dans un espace de grande dimension réservé à cet effet. Quand la totalité est montée, les charpentiers finalisent et perfectionnent les ajustements entre les pièces. Les artisans apposent parfois sur les pièces de bois une marque personnelle permettant d’identifier leur emplacement. L’ensemble est ensuite démonté avant d’être hissé grâce à des engins de levage quand les murs sont achevés. Mais la charpente est le plus souvent mise en place avant la construction des voûtes, afin de permettre aux maçons de terminer leur ouvrage dans de meilleures conditions. Maçons et charpentiers travaillent donc en étroite collaboration : le maître maçon et le maître charpentier sont deux figures essentielles du chantier.
À la suite de l'incendie de 2019, les artisans cherchent à reconstruire à l'identique les charpentes en chêne détruites par l'incendie : celles de la nef, du chœur, de la flèche et du transept.
Les murs bahuts pour supporter la charpente
Les murs bahuts, parties supérieures des murs porteurs de Notre-Dame, supportent directement le poids de la charpente en bois. Endommagés par l'incendie de 2019, leur restauration est indispensable pour permettre la reconstruction de la charpente. Les tailleurs de pierre utilisent principalement deux méthodes en fonction de l'état des pierres : ragréage (injection d'un enduit dans les parties manquantes pour lisser les pierres endommagées) et remplacement (substitution des blocs trop abîmés par de nouveaux blocs taillés en atelier).
Reconstruction de la charpente de la nef et du chœur
Les artisans produisent 1300 plans et 500 épures pour guider leur travail à partir de relevé qui avaient été faits en 2014. Pour créer les épures, les outils numériques ou 3D ne sont pas utilisés. 1200 arbres sont choisis selon plusieurs critères : diamètre, rectitude et longueur.
L’équarrissage manuel des bois est réalisé avec la doloire, un outil utilisé au Moyen Âge. Un montage à blanc est effectué en atelier pour vérifier si la charpente s'assemble bien. Aussi, le bois sèche ainsi dans la bonne position.
Pour lever la charpente de la nef et du chœur en toute sécurité, une passerelle métallique de 10 mètres de haut sur trois niveaux est fabriquée.
Reconstruction de la flèche en bois
La flèche haute de 96 mètres dessinée par Viollet-le-Duc doit être reconstruite. Les chênes sont sciés et taillés en atelier, après un montage à blanc, ils sont transportés à Paris.
Si la flèche est en bois, son support l'est aussi : le tabouret de la flèche est le socle grâce auquel elle peut s'appuyer sur les 4 piliers de la croisée.
Le fût de la flèche est une structure en bois de 20 mètres de haut et de forme octogonale, constitué de 285 pièces et 350 assemblages, dont le complexe "nœud X" où 24 pièces se croisent. Les niveaux ajourés et l’aiguille de la flèche reposent sur le fût.