Exécuter les mosaïques décoratives

Charles Garnier envisage de décorer la coupole de la salle de spectacle avec de la mosaïque en émail. Il se renseigne auprès des fabriques à Rome et à Venise, mais constate que cette ambition serait trop longue et coûteuse à réaliser.

Cependant, Garnier souhaite ardemment embellir son édifice, affirmant qu’il vaut mieux risquer le mauvais goût que renoncer à la couleur :

 "La chaleur, la passion, le mauvais goût peut-être, mais la couleur, enfin !"

Charles Garnier, Le nouvel Opéra de Paris. [Première partie, texte, vol. 1-2]. Volume 1, 1878-1881

Trouver un procédé plus économique et rapide

Facchina et Mazzioli, des ouvriers italiens installés à Paris, maîtrisent parfaitement l’art d’exécuter des dallages courants en mosaïque de marbre, un savoir-faire hérité de la Lombardie et de la Vénétie. Garnier décide alors de réintroduire l’idée de la mosaïque décorative pour son projet. Il commande l’exécution de grandes lyres ornées de feuilles de laurier en mosaïque de marbre, agrémentées de détails en émaux, qui orneront les œils-de-bœuf en haut des murs de la scène.

Ensuite, il choisit de décorer le plafond de la loggia avec des panneaux circulaires à cuvette et des bandes de contournement.

Le procédé traditionnel consiste à utiliser une gangue de plâtre que l’on creuse progressivement pour y incruster les émaux.
Le procédé utilisé ici est plus économique et rapide : les émaux sont collés sur une feuille de papier où sont tracés les contours des dessins. Cette feuille est ensuite placée dans une couche de ciment frais, qui pénètre dans les interstices des petits cubes, les enchâssant solidement. Une fois le ciment sec, il suffit d’enlever le papier pour révéler la mosaïque.

Ravi par l’efficacité de cette technique, Garnier décide également de décorer la voûte de l’avant-foyer avec des mosaïques. Il y fait inscrire une mention en caractères grecs du 8ᵉ siècle qui peut se traduire ainsi : "la mosaïque décorative a été appliquée pour la première fois en France pour l’ornementation de cette voûte et la vulgarisation de cet art."

Premières esquisses pour les quatre plafonds de l'avant-foyer de l'opéra Garnier
Premières esquisses pour les quatre plafonds de l'avant-foyer de l'opéra Garnier |

Bibliothèque nationale de France

Le plafond de l'avant-foyer de l'opéra Garnier
Le plafond de l'avant-foyer de l'opéra Garnier |

© Emma Thevenot

Le plafond de l'avant-foyer vu depuis le grand escalier
Le plafond de l'avant-foyer vu depuis le grand escalier |

© Emma Thevenot